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Le dossier Simenon

Publié le 02/09/2009
Vingt ans après sa mort, Georges Simenon a acquis une légitimité que beaucoup lui prédisaient malgré le scepticisme de ceux qui l'avaient mal lu. Petit tour d'horizon pour fêter cet anniversaire d'un géant hyper-productif
Entré en Pléiade, lu et traduit partout, Simenon a quitté l'arrière-boutique pour imposer sa Comédie Humaine, une œuvre pléthorique qui continue de subjuguer et d'attirer de nouveaux lecteurs. Comme le rappelait Bernard de Fallois qui le premier consacra au début des années 60 un essai à l'écrivain, il y a une équivoque persistante autour de lui qui fait qu'on le voit plus comme « un phénomène littéraire que comme un grand écrivain ». Première accusée, sa fameuse fécondité, ce flot intarissable de romans qu'il déversa pendant des décennies, véritable mécanique qui ne faiblissait jamais. Que l'on se souvienne qu'en quelques années il produisit soixante-quinze enquêtes du Commissaire Maigret, se voyant dès lors définitivement cantonné dans la caste (pour certains) infamante d'auteur de romans policiers. C'est là son drame et pour beaucoup le nôtre qui nous en tient éloigné jusqu'au jour où l'on tombe littéralement dedans pour découvrir qu'on a affaire à un auteur, riche d'un univers cohérent, d'une palette de nuances saisissantes dans son étendue, non pas de ses fatigants métaphysiciens ou de ces pénibles idéologues qui sombrent vite dans l'oubli à leur mort mais un inventeur, un photographe génial du siècle qu'il a traversé et dont il a saisi les intimes convulsions mieux que bien des théoriciens usés. Les êtres qu'il façonne nous bouleversent d'autant plus qu'ils sont souvent infimes et sans grandeur, qu'ils échappent à l'héroïsme et qu'ils nous renvoient à la solitude désespérée de l'Homme du XX° siècle, ballotté entre les tourbillons d'une Histoire qu'il est incapable de comprendre. Fi de la métaphysique, de la philosophie, de la psychologie, il n'est pas un auteur « intelligent ». Fi des grandes figures romanesques qui transcendent leur époque en la symbolisant, il est l'homme des mille héros et son Maigret aurait bien du mal à les dissimuler. Et ce style surtout qui se laisse si difficilement attraper et qui pourtant vous saisit, vous enrobe, vous capte. C'est peut-être ce qui surprend le plus les néophytes – ceux qui, comme nous disions, tombent dedans - , cet art de la modestie, du toucher juste, du mot retenu parmi les autres, de l'adjectif qui ne veut pas surprendre mais expliquer, de l'art de suspendre sa phrase, bref du génie de faire simple, qui, comme on le sait, est le plus difficile à obtenir. Car si Jules Maigret a été incarné par une pléiade d'acteurs (du plus mauvais – paix aux cendres de Jean Richard -  aux plus grands) il n'est jamais aussi bon que lorsque nous l'inventons nous-mêmes lors de notre lecture.

Mais foin de généralités qui ne résument que très mal la passion que l'on peut avoir pour cet auteur...
En ce quatre septembre nous est donnée l'occasion de fêter un anniversaire : cette  fois-ci, il s'agit des vingt ans de sa disparition qu'une belle actualité éditoriale vient relayer  avec l'impressionnant livre de Pierre Assouline : l'Autodictionnaire Simenon, soit des citations réunies par Pierre Assouline, travail énorme qui rassemble les considérations de Simenon à propos de thèmes aussi variés que l'Afrique, l'argent, Betty, Faulkner ou encore l'écriture...
 
Suit un éclairage bibliographique de l'oeuvre de Simenon, subjectivement concoctée par d'inconditionnels libraires.

Simenon, de Bernard de Fallois
Première biographie consacrée à Simenon, qui met en lumière, dès 1961, l'immense et prolifique talent de l'auteur et le considère enfin comme un auteur.

Georges Simenon, de Pierre Assouline
Pierre Assouline dresse un portrait ultra documenté de Simenon, auteur prolifique, excessif et génial, doublé d'un tableau de sa vie plus intime.

Autodictionnaire Simenon, de Pierre Assouline
Vous vouliez savoir ce que Simenon pensait de Casanova, de Betty ou de Maigret ? Pierre Assouline vous l'offre dans ce surprenant Dictionnaire, grâce à un travail de recherche acharné dans l'oeuvre et les différentes interventions de Simenon. Un portrait en creux surprenant de cet auteur aux facettes multiples.

Le Train, Georges Simenon
Le train narre le voyage d'un homme pendant la Débâcle, il se dirige vers le sud laissant sa famille derrière lui. Dans la promiscuité du wagon, il tombe amoureux d'une jeune inconnue...Un exemple parfait du goût de Simenon pour les destins banals qui basculent.

Le chien jaune, de Georges Simenon
Grand classique de la série Maigret, le commissaire démontre toute l'étendue de sa connaissance de la nature humaine, en observant les allées et venues d'un chien famélique dans un hôtel de Concarneau.

Betty, de Georges Simenon
Betty, ivre, échoue dans un hôtel par hasard. Installée là par le patron des lieux, elle expliquera les raisons de sa fuite et de son alcoolisme...     

L'affaire Saint-Fiacre, Georges Simenon
Cette enquête de Maigret dans le milieu fermé de la noblesse provinciale permet à Simenon de dresser un portrait sans concession des bonnes familles.

Les inconnus dans la maison, de Georges Simenon
Le meurtre d'un homme sous son propre toit sort Loursat, avocat qui n'en n'a guère plus que le titre, de sa léthargie alcoolique et lui redonne le goût de se battre.

Maigret, Lognon et les gangsters, de Georges Simenon
Maigret reçoit des américains à Paris, secondé par Lognon (connu sous le sobriquet de Malgracieux), et prouve la fiabilité de sa méthode d'enquête...

Passion Simenon de Baronian & Schepens
Biographie richement illustrée, Passion Simenon nous fait découvrir un Simenon à travers son oeuvre et les lieux qu'il a fréquentés, inspirant souvent les décors de ses romans...

La vérité sur Bébé Donge, de Georges Simenon
L'un des sommets de ce que Simenon appelait ses « romans durs » : Bébé Donge tente d'assassiner son mari ; le long cheminement qui la pousse à commettre ce crime nous sera peu à peu révélé...

Trois chambres à Manhattan, de Georges Simenon
Grand roman d'amour, les destins de deux êtres à la dérive sentimentale se croisent entre building et dîner. Un exemple parfait de la période américaine du grand Belge.

45° à l'ombre, de Geoges Simenon
On retrouve ici certains des protagonistes de la série des Donadieu, famille d'armateurs de La Rochelle. Sur l'Aquitaine, parti de Dakar pour rejoindre la France, les tensions se cristallisent entre les passagers et l'ambiance se fait délétère, sous un soleil de plomb.

Cécile est morte, de Georges Simenon
Maigret ne prend pas au sérieux les appels d'une certaine Cécile qui lui rend visite pourtant tous les matins à son bureau. Lorsqu'elle est assassinée, Maigret met un point d'honneur à démasquer le coupable...

Les Clients d'Avrenos, de Georges Simenon
Roman «dur », moite et interlope situé à Istanbul, ce roman de Simenon, à travers la relation entre entraineuse et un aristocrate sur le retour, peint une société en déliquescence, rongée par les plaisirs immédiats de la nuit.

Pedigree et autres romans, de Georges Simenon
Ce volume de Pléiade alterne romans psychologiques et récits plus autobiographiques, à l'instar de Pedigree, de Je me souviens... ou de Lettre à ma mère. Enrichi d'un très complet appareil critique, ce tome condense tout le savoir faire de l'auteur.


En prime et ceci grâce aux archives de l'INA, quelques extraits de vidéos de Geoges Simenon :


Un numéro d'Apostrophes qui lui fut consacré




Un curieux reportage sur sa dernière période, celle où il abandonna la fiction




Deux légendes se rencontrent : Georges Simenon et Yves Mourousi...

Bibliographie