Chargement...
Chargement...

Le polar français au féminin

Publié le 09/10/2002
On connaît bien les romancières anglo-saxonnes, qui excellent dans le domaine du crime, qu'attend-on pour découvrir nos auteures françaises ?

FRED VARGAS
A ce jour, neuf titres sont parus. Dès son premier Les jeux de l'amour et de la mort en 1986, elle se voit décerner le prix Cognac. Depuis, elle a conquis un large public grâce à des personnages attachants, tel le rêveur commissaire Adamsberg ou les trois "évangélistes"... Son univers poétique, un peu décalé, où l'Histoire apparaît toujours en arrière-plan, est un régal d'humour et d'humanité. Un peu de fraîcheur dans ce monde de brutes !...

BRIGITTE AUBERT
Sa plume acérée fait des ravages. Noires et ironiques, ses histoires promènent le lecteur dans un dédale de pistes possibles pour finalement le retourner comme une crêpe ! Mention spéciale au diptyque La mort des bois (Grand Prix de littérature policière en 1997) et La mort des neiges dans lequel le personnage d'Elise Andrioli reste à ce jour sa plus belle réussite : paralysée, muette et aveugle à la suite d'un attentat, elle est embarquée dans une affaire de meurtres dont elle est à la fois témoin et victime. Du grand art !

CHANTAL PELLETIER
Elle a obtenu le Prix du roman noir français de Cognac en 2001 pour Le chant du bouc, deuxième aventure de l'inspecteur Maurice Laice, déjà présent dans Eros et Thalasso,et de retour dans More is less (jeu de mots sur le nom du personnage) paru en septembre dernier. Son inspecteur, parisien, déprimé, malchanceux en amour, affligé de daltonisme, se retrouve embarqué dans des enquêtes sur des trafics qui l'amènent à voyager au bout du monde. L'air de rien, Chantal Pelletier distille suspense et réflexion sous une apparente légèreté...

ANDREA H. JAPP
Son nom de plume est trompeur, car Andrea H. Japp est bien française, même si la plupart de ses polars se situent aux Etats-Unis. Elle est connue pour sa série mettant en scène le duo Gloria Parker-Simmons, mathématicienne qui travaille avec le FBI ou la CIA, et qui prétend résoudre les meurtres par des analogies logiques, et James Irvin Cagney, profiler au FBI. En dehors de cette série, elle a écrit moult polars, dont La bostonienne, coup de maître qui l'a révélée (prix du festival de Cognac en 1990).

DOMINIQUE SYLVAIN
Six enquêtes à son actif avec la privée Louise Morvan et le commissaire Serge Clémenti, qui se frottent aux milieux "marginaux" : body art allant jusqu'au crime dans Soeurs de sang et Strad, rave et ecstasy dansTechno bobo... Deux titres avec le commandant Alex Bruce et le capitaine Martine Lewine, de la Criminelle: Vox, qui a obtenu le Prix Sang d'encre 2000 (la suite Cobra vient de paraître). Dénominateur commun : un style syncopé, un rythme dans les mots, moult références musicales et artistiques, une étonnante capacité à rendre sensible la violence, à la fois rentrée et extrême.

ESTELLE MONBRUN
La particularité d'Estelle Monbrun est de concocter des romans policiers sous forme d'enquêtes littéraires. Son premier livre Meurtre chez tante Léonie marchait sur les traces de Marcel Proust, Marguerite Yourcenar servait de prétexte à l'intrigue de Meurtre à Petite Plaisance, tandis que l'ombre tutélaire de Colette planait sur Meurtre chez Colette... Très plaisants, tant pour le clin d'oeil adressé aux grandes figures littéraires, que par la qualité de l'écriture, ces romans sauront vous faire passer un bon moment de lecture.

DOMINIQUE MANOTTI
Elle est l'auteur d'une trilogie noire mettant en scène le commissaire Daquin. Corruption, pouvoir, politique, drogue, sont ses thèmes de prédilection. Dans un style acéré et dépouillé, elle dénonce la société moderne aux valeurs en perdition. Son dernier livre Nos fabuleuses années fric passe au crible la corruption des sphères politiques sous le premier septennat de François Mitterand. Il a été récompensé par deux grands prix littéraires : le Grand Prix du roman noir français au Festival de Cognac 2002 et le Prix Mystère de la Critique 2002.

MAUD TABACHNIK
Ses deux séries les plus connues se situent aux Etats-Unis, qu'il s'agisse des enquêtes du lieutenant Sam Goodman, flic juif de Boston (Un été pourri, La mort quelque part, Gémeaux, Mauvais frère) ou de celles de Sandra Khan, journaliste au San Francisco News (Gémeaux, Le tango des assassins, Le festin de l'araignée) - pour le clin d'oeil, les deux personnages travaillent ensemble sur une affaire dans Gémeaux - ce sont des thrillers efficaces, à l'américaine, qui sont malheureusement dans l'air du temps : au menu, serial killers, rémininescences du nazisme, terrorisme...

DANIELLE THIERY
L'auteur est commissaire (elle fut même la première femme nommée commissaire divisionnaire en France). Nul doute qu'elle a mis une part d'elle dans le personnage du commissaire Edwige Marion qu'elle a créé. Elle sait de quoi elle parle quand elle décrit sur le terrain l'expérience de la police au travail, confrontée aux atrocités : dans ses livres, viols, meurtres, sang, violence, sont monnaie courante. Ses histoires sont redoutables d'efficacité et d'angoisse. Son cinquième titre Mises à mort, a été couronné en 1998 par le Prix Polar. Pour l'anecdote, Danielle Thiery raconte son parcours professionnel dans un livre autobiographique intitulé La petite fille de Marie Gare.

Bibliographie