1. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? 
Errer dans la librairie, ouvrir des livres, lire le début, le milieu, passer des jours et des nuits en leur compagnie, rêvasser, ruminer... 

2. Quel est le temps fort de vos journées en ce moment ? 
Après avoir été une gisante placide pendant près de trois semaines, depuis peu je crépite. Je crépite à chaque instant de la journée. Mille idées me piquent et me réveillent la nuit... je ne sais pas laquelle va l'emporter. 

3. À quel récit littéraire vous fait penser le mot confinement ? 
Au Comte de Monte-Cristo enfermé au château d'If. Je cherche l'abbé Faria pour qu'il me raconte son histoire et m'indique l'emplacement de son trésor ! 

4. Dans quel livre aimeriez vous être confinée ? Avec quel (s) personnage (s) ?
"Clair de femme" de Romain Gary. Et je serai Lydia, la femme qui "vient après", celle qu'il aimera demain... " Le couple, cela signifie un homme qui vit une femme, une femme qui vit un homme". Quelle beauté ! 

5. Dans quelles circonstances vous viennent vos grandes idées ? Regrettez-vous vos grandes idées quand vous les appliquez ? 
Je n'ai pas de grandes idées. J'ai des picotements qui m'éperonnent et me mettent sur une piste. Je fais des tests, j'essaie. Parfois ça prend forme et ça devient un livre, parfois ça retombe comme un beignet éclaté. 

6. Quelles odeurs vous font chavirer ? 
L'odeur de mon parfum ("Santal de Mysore" de Serge Lutens). J'y suis plus fidèle qu'à personne d'autre. Il m'enveloppe, il me définit, il me précède, il me succède, il m'intrigue, il est moi, je suis lui. 

7.Quel souvenir vous rassure ?
Aucun. Le souvenir gît dans le passé et n'est pas reproductible. Donc il n'a plus de pouvoir sur moi. Si ce n'est me rendre nostalgique, mélancolique, triste. Je préfère le présent et le futur, plein de promesses. 

8.Qu’est-ce qui peut vous rendre dépendant? êtes-vous, par exemple, menacé d’addiction actuellement ? 
J'ai arrêté de fumer il y a cinq ans et j'ai envie de recommencer chaque jour pendant quelques minutes. Pour le moment je tiens bon ( j'ai un paquet de cigarettes caché au cas où... mais je crois que j'ai oublié la cachette !)

9. Une émotion vous submerge : quel endroit de votre corps trinque le plus ? Comment ? 
J'ai les intestins qui font des nœuds, le plexus qui se bloque, le souffle qui se coupe, des plaques rouges partout, mes racines de cheveux graissent, mes mains tremblent, mes jambes se dérobent, mes genoux plient, mes cordes vocales sont muettes, mes oreilles bouchées... Je continue ou j'arrête ? 

10. Quel geste ou mouvement effectuez-vous tout le temps sans vous en rendre compte ? Pourquoi faire ? Est-ce que ça marche ? 
Je ne sais pas. Et on ne m'a jamais rien dit... Je vais me faire précéder d'un grand miroir pour m'observer et je vous dirai !

11. Qu’êtes-vous susceptible de faire quand vous perdez le contrôle ? cochez la ou les bonnes réponses : 
allumer une cigarette | fermer longuement les yeux |réviser les gros mots que vous connaissez | dire n’importe quoi si possible très fort |exécuter une figure de yoga quel que soit le lieu où vous vous trouvez |nommer calmement les raisons de votre énervement | passer compulsivement des coups de téléphone | jeter ce qui se trouve sous votre main | effectuer des tâches ménagères | regarder des séries successivement | boire un remontant avec une personne douée d’une écoute reposante | faire du sport | vous isoler | lire un livre .
à qui avez vous piqué ce geste et depuis quand ? 
Rien de tout cela. Je me transforme en statue. Je ne dis rien. Je suis même capable de sourire bêtement. Mais tout se déglingue à l'intérieur et je ne me souviens plus de comment on marche et où est la sortie. 

12. Citez une de vos caractéristiques que vous aimez et détestez à la fois ? en quoi ?
Une irrépressible envie de démasquer les menteurs ou les vantards... Cela peut me transformer en procureur cinglant ! Après je regrette mon emportement. Comment vivez-vous vos contradictions en général ? Depuis peu, c'est récent, j'ai décidé de les accepter, de faire avec... J'assume. Je suis comme ça. Nobody is perfect. 

13. Quelle lecture vous console ? Précisez.
N'importe quel livre de Colette ouvert à n'importe quelle page. 

14. Qu'écrivez-vous en ce moment ? un extrait ? 
Je n'écris pas. Cette nuit, j'ai eu une idée, je me suis dressée, mon calepin à la main, pour la noter. Ce n'est pas une phrase qui est venue, mais l'image d'une femme de dos dans un aéroport... Étrange, non ? 

15. Comment écrivez-vous en ce moment ?
Je n'écris pas. Je rumine. Je lis. Je picore. Quand je picore un livre, j'écris des phrases par-dessus les mots de l'auteur. Je refais un passage, introduis une nouvelle idée. Je le tricote à ma façon.

16. Quel genre de littérature correspond à votre sommeil ?
Tous les genres à condition que ce ne soit pas de la science-fiction et que ce soit bien écrit. Quand le style est là, j'avale n'importe quoi. Quand les mots sont plats, je pose le livre.

17. Avez-vous une question récurrente ou tout à fait liée à la situation ? laquelle ? d’où vient elle ? 
POURQUOI ? 

18. Si internet disparaissait, à qui écririez vous une lettre ? que dirait elle ?
J'écrirais à mes enfants des mots d'amour fou et des mots rigolos, au cas où ce serait la dernière lettre... Je leur dirais que" je les aime à la folie de mon cœur". C'était notre formule talisman quand ils étaient petits et que j'allais les embrasser dans leur lit. Je récitais une petite antienne que j'avais inventée et qui se terminait par "Tu es la chair de ma chair et je t'aime à la folie de mon cœur" Et ils s'endormaient.

19. Avez vous un échange sous forme de correspondance avec quelqu’un actuellement ? que vous apporte cette écriture-lecture ?
Il m'arrive des mails de gens que je n'ai pas vus depuis vingt, trente ans (de tous les coins du monde) et qui me demandent des nouvelles comme si je les avais quittés la veille, "tu vas bien ? tout est "ok" ? On échange des tranches de vie comme des grosses parts de gâteaux. On rattrape le temps perdu en se disant que la vie passe très très vite !

20. Comment vivez-vous l’interdit en général ? Aujourd’hui précisément ?
D'habitude, ce qui est interdit doit être fait sur le champ mais aujourd'hui, je suis bien obligée de me soumettre parce que, de ma capacité à obéir, dépend la vie d'autres personnes, que mon étourderie ou mon indiscipline pourrait leur être fatale. Donc je me calme mais sinon... j'aurais fait le mur depuis longtemps !