Un coup de coeur de Mollat
Par le prisme de cette amitié fusionnelle, Silvia Avallone décrit la vie d'une cité ouvrière italienne avec un talent qui n'est pas sans évoquer des chefs d'œuvre de la littérature réalistes, notamment Les rapaces de l'Américain Frank Norris (malheureusement épuisé à ce jour). Car il est bien évident que tout ne repose pas sur leurs seules épaules. C'est en effet la vie d'un quartier entier, résidant dans ces barres de HLM avec vue sur mer, que l'on suit avec ferveur dans ce livre époustouflant. Véritable roman social, D'acier révèle le quotidien d'une classe prolétarienne souvent éclipsée derrière les clichés véhiculés par les cartes postales et les discours des hommes politiques. Les yeux rivés sur l'île d'Elbe, ce pré carré des touristes fortunés allemands, milanais ou turinois à seulement quelques kilomètres de là, ces hommes et ces femmes s'accommodent chacun à leur façon de la misère et des soucis. Les hommes travaillent pour la plupart à l'aciérie du coin, la Lucchini S.p.A., qui fait figure de Béhémoth indomptable, à la fois objet de fascination et de répulsion. Mais la tentation des petites (ou grosses) combines n'est jamais loin. Quant à elles, les femmes sont employées chez les commerçants du coin, quand elles ne s'occupent pas des enfants à plein temps. Et des enfants, il y en a, des jeunes et des moins jeunes, à surveiller comme du lait sur le feu.
En un mot, force nous est de reconnaître que ce premier roman époustouflant, qui est déjà un véritable phénomène en Italie ainsi que dans une dizaine d'autres pays, mérite amplement la couverture médiatique qui est la sienne !