Ces textes, issus d'un colloque tenu au Maroc en 2002 sur le thème du sport comme vecteur de développement économique et social, sont réunis autour de trois axes : politique nationale du sport, tourisme et loisirs, professionnalisation et spectacle. ©Electre 2024

Jusqu'à présent, de multiples raisons structurelles semblent accréditer la présence d'un modèle sportif en Afrique francophone au regard des similarités de sous-développement des marchés du sport et des modes de gestion archaïques des organisations. Profondément ancré sur des logiques culturelles, économiques, politico-juridiques et sur des acteurs influents issus des minorités dominantes de ces pays, ce modèle se caractérisait par une configuration «bureaucratique» où le secteur public, en particulier les Etats, joue un rôle essentiel dans la définition et la mise en oeuvre de la politique sportive nationale. Cette configuration ressemble à celle de la France avant la Décentralisation, mais elle s'en différencie par la marginalisation du secteur sport, le sous-développement et le manque de professionnalisation des pôles marchands et associatifs. Le maintien d'une relative dépendance entre l'ancienne métropole opulente et les pays africains francophones encore économiquement fragiles permet à la France (entre autres) de profiter de zones de délocalisation pour la fabrication de produits sportifs et de viviers de talents «bon marché» sur lesquels les clubs professionnels peuvent spéculer.

Maintenant que le sport moderne, introduit par la colonisation, fait partie de la vie des citoyens de l'Afrique francophone, est-ce qu'il peut contribuer au développement économique et social de ces pays ou demeure-t-il un mythe comme ce fut le cas pour la France dans les années d'après-guerre ? Il est aujourd'hui difficile de répondre entre la volonté de certains dirigeants de ces nations de développer le sport selon des valeurs occidentales, d'élus politiques qui désirent concilier valeurs traditionnelles de l'Afrique avec une gestion moderne du sport, et certains régimes «islamistes» qui refusent les modèles issus de l'idéologie libérale qui pénètre par la médiatisation les cultures africaines de manière plus insidieuse.

Loin de vouloir promulguer des avis d'expert, cet ouvrage cherche à redynamiser le champ de la recherche en sciences humaines et sociales du sport dans les pays en émergence. Fondés sur des contributions complémentaires, les trois thèmes abordés (politique nationale, tourisme et loisirs, professionnalisation et spectacle) s'adressent à tous ceux qui désirent étendre leurs connaissances et participer à la réflexion sur le problème du «développement sportif durable».