Un coup de coeur de David Raiffé
Cette fois-ci, Charles Fréger s’envole pour le Japon.
Namahage, Toshidon, Amamehagi et autres Mizukaburi, autant de Yokaï, êtres surnaturels espiègles, malveillants, lubriques ou propices hantant les moindres lieux de la campagne japonaise.
Charles Fréger les mets en scène dans cette île fictive qu’il nomme Yokainoshima usant de son dispositif frontal habituel et offrant un bestiaire foisonnant et détonant.
Dans leur cadre naturel (forêt profonde, plage, champ labouré…) chaque déguisement rivalise d’originalité : confectionnés de paille, de peaux ou d’éléments naturels, de tissus et de motifs chamarrés, arborant objets du quotidien rural, masques divers, attributs animaliers, humains, floraux ou fantastiques.
Les photographies sont accompagnées d’une légende précisant le lieu de la prise de vue. Rien d’anecdotique dans cette indication. Chaque Yokaï correspondant à une localité ou à une saisonnalité précise. Il en existe donc de nombreux, manifestant ainsi la richesse des rites et des fêtes qui rythmaient le cycle de la vie rurale japonaise.
Outre la beauté des clichés, l’ouvrage propose des contributions de spécialistes japonais qui décrivent l’ensemble des Yokaï exposés, les rites ruraux auxquels ils renvoient, leur pérennité dans l’art japonais contemporain, offrant ainsi un éclairage ethnologique précieux sur l’imaginaire japonais.