Un coup de coeur de Anaïs
On lui montre se chambre, mais on ne lui dit pas où est Johannes, son époux, un riche et charismatique marchand qui a couru toutes les mers. Marin, sa sévère belle-soeur ne fait pas d’effort pour mettre à l’aise la jeune fille, et lui interdit même de laisser voler librement son oiseau qu’elle laisse en cage à la cuisine.
S’en est trop. Que fait Nella dans cette maison où chaque centimètre de tissu suinte le secret et le mystère, pourquoi son mari n’est-il pas là pour l’accueillir, pourquoi Cornelia, la servante, murmure-t-elle à la cuisine avec Otto, le valet qui fascine Nella ?
Trois jours passent, et Johannes revient de voyage. Il n’est pas désagréable avec Nella mais lui accorde moins de temps qu’à ses deux chiens qu’il semble ému de revoir. Nella participe tant bien que mal à la routine de cette demeure rythmée par des repas frugaux et les devoirs de croyance, car sa belle-soeur semble aussi pieuse que préoccupée par la future mission de Johannes, vendre des pains de sucre du Suriname.
Mais, enfin, un trait de lumière semble percer dans le coeur de Nella : Johannes lui offre une maison miniature. Fascinée, la jeune femme va peu à peu découvrir que cette maison de poupée, une réplique parfaite de la maison où elle vit, a un pouvoir. En effet, depuis ce cadeau, Nella reçoit régulièrement et de façon anonyme de petites figurines représentant chaque membre de la maison, qui, si on les regardent de près, dévoilent des secrets sur les évènements futurs….
Une ambiance exquise dans cet Amsterdam protestante, où l’argent et le commerce façonnent des hommes et des femmes féroces. Une partie des secrets et les mystères de la maison de Nella vont nous être révélés à la moitié du roman et c’est avec un grand cri de surprise qu’on les découvre. Ce roman d’apparence assez classique est en fait bien plus fort et profond : on court de surprises en surprises sur les personnages et les révélations donnent alors l’ampleur nécessaire à cette histoire pour en faire un très bon roman, féministe, et humaniste.