La petite Sophie de Réan, du haut de ses 4 ans, ne sait qu'inventer pour se distraire les après-midi. Un jour, elle découpe les petits poissons de sa mère ou lui dérobe sa boîte à ouvrages. Un autre, elle cuisine avec de la chaux et prépare un thé très spécial. Lecture de 6 histoires adaptées du roman. ©Electre 2024

« Raconte-moi une histoire de quand tu étais petite ! ».

Ce que réclament si souvent les enfants à leur mère et à leur grand-mère, eh bien la Comtesse de Ségur, née Rostopchine, l'a fait en publiant en 1859 « Les Malheurs de Sophie ».

Pouvait-elle alors imaginer, dans son château de Normandie, en prenant la plume pour le plaisir de ses petits-enfants et des enfants de cette époque, que les lecteurs succéderaient aux lecteurs, de génération en génération ?

Immense public dont la naissance se déploie déjà sur quatre siècles puisque des grands-mères nées à la fin du XVIII^e siècle pouvaient faire découvrir ce livre à leurs petits enfants, et que viennent de naître les petits lecteurs du XXI^e siècle...

C'est que ces courtes histoires, très enlevées, parlent aux enfants de leurs envies, de leurs curiosités, de leurs peurs, de leurs joies, de leurs bêtises, de leurs disputes, de leur monde en un mot, et que la forme dialoguée choisie par la Comtesse de Ségur, leur donne une singulière fraîcheur.

Qu'elles illustrent aussi ce qu'autrefois on appelait « leçon de choses » : on y découvre les lois de la nature ; que le « pour de faux » n'est pas le « pour de vrai » et que donc jamais une décoction de trèfle, fût-il à quatre feuilles, ne peut donner du thé ; que le mal au coeur guette les petits gloutons ; que les poissons coupés en morceaux meurent inexorablement et que les loups rôdent dans les bois.

Et puis, le charme désuet et la poésie du XIX^e siècle sont là qui nous font signe, à l'insu de leur auteur, cachés derrière les arbres de la forêt de Svitine.