Un coup de coeur de Guillaume D.
À ceux pour qui la grammaire n’évoque rien de plus qu’un ensemble de règles absconses et austères, ce petit récit propose d’embarquer pour un voyage surprenant à la découverte des richesses et des joies insoupçonnées de la linguistique. Amateur enthousiaste, collectionneur compulsif, Jean-Pierre Minaudier nous ouvre les portes de son étrange bibliothèque - presque exclusivement composée de livres de grammaire -, et nous partage sa passion communicative pour les langues insolites des quatre coins du monde.
On entre dans ce petit univers comme dans un cabinet de curiosité, pour y dénicher des perles rares et irrégulières, des fragments hétéroclites de cultures oubliées, qui laissent entrevoir de véritables trésors de civilisation tout en préservant leurs charmes et leurs mystères (un peu à la manière de la nouvelle Tlön, Uqbar, Orbis Tertius de Borges).
Vous y découvrirez des mots comme tuktusiuqatiqarumalauqpuq*, tenterez d’imaginer les nuances imperceptibles des 117 consonnes du !xoon, et délaisserez un temps les adjectifs pour privilégier les « impressifs », qui vous permettront de distinguer des phrases comme « il sauta hop » et « il sauta plouf » (ce qui n’a rien à voir).
Aux règles figées des grammaires académiques, aux théories savantes qui prétendent enclore la totalité des langues existantes dans une structure définitive, Jean-Pierre Minaudier préfère « la diversité radicale, la poétique et la féconde anarchie des langues réelles ». Car chacune d’elles, à travers ses métaphores, ses associations d’idées et ses détours alambiqués, façonne une manière de penser singulière, suggère une vision du monde originale, qui nous rend en quelque sorte « poètes malgré nous ».
La Poésie du gérondif n’est ni une leçon rébarbative, ni un divertissement futile, mais une véritable initiation à la beauté et la variété des horizons que nous ouvre le langage.
*« Il désira avoir un compagnon de chasse au caribou », en inuit.