Un coup de coeur de Jérémy Gadras
En tant qu’essayiste, critique littéraire, critique d’art, poète de l’exil et de l’inquiétude, luttant contre les bavardages poétiques trop soutenus, trop triomphants ou grandiloquents, André du Bouchet n’eut de cesse de poursuivre sa passion pour l’écriture simplifiée, modeste, mais aux sens complexes, partant à la découverte d’autres paysages littéraires, d’autres sphères artistiques, dont la peinture qui le fascina au point d’instruire ses pensées d’une réelle réflexion sur l’art et les artistes. Dans cet ouvrage de 500 pages – suite aux deux précédents édités au Bruit du Temps à l’initiative de Clément Layet : Aveuglante ou banale, consacré aux essais sur la poésie ; Une lampe dans la lumière aride, issue des carnets du poète tenu entre 1949 et 1955 – nous y découvrons des écrits sur l’art publiés de son vivant, mais jamais réédités, ainsi que des notes, aphorismes, critiques et essais inédits jamais publiés. Tout un pan de l’histoire de la littérature d’art convoquant autant de peintres disparus (Poussin, Géricault, Delacroix…) que de peintres lui étant contemporains et dont certains furent parmi ses plus proches amis (Giacometti, Nicolas de Staël, Joan Miro, Tal Coat, André Masson, Geneviève Asse…).
Considéré par ses contemporains comme un poète éminent de l’après-guerre, cette nouveauté éditoriale nous offre un nouveau regard sur l’écriture d’André du Bouchet, une écriture tournée sur l’art, la peinture et les artistes dont le discours pictural froisse la sainte orthodoxie d’une peinture académique, rappelant ainsi sa propre démarche poétique.
Une envoutante lecture empreinte de poésie et de théorie, de sincérité et de brillantes recherches sur l’art de son temps aura le mérite de nous émouvoir, nous enseigner tout en réactivant un intérêt pour ce grand auteur du XXe siècle.