Un coup de coeur de Jérémy Gadras
François Bard explore et inspecte tant les images de la vie quotidienne (des badauds aux gangsters cagoulés en passant par l'anonyme portraituré, la femme fatale, le PDG cravaté, le quidam dissimulant un revolver ou encore l'homme politique vociférant), que les images dites « écraniques » renvoyant aux procédés iconographiques du cinéma et de la télévision : gros plans, zooms et travellings, compositions larges, etc (certaines œuvres nous font aisément penser à l'univers d’Alfred Hitchcock, de David Lynch, de Martin Scorsese ou de David Fincher). Ce banal extraordinaire, François Bard l'exploite pour mieux interroger le réel et mieux questionner les signes visuels que notre siècle essaime dans les publicités, les réseaux sociaux, les films et les médias... Un cumul iconographique pour nous séduire ou nous affoler, nous attendrir et surtout nous manipuler : « Les images sont faciles d’accès, mais personne ne les regarde vraiment… Alors que ce sont autant de poses de la société, du monde et des médias », affirme le peintre.
Cette Propagande du réel, comme l’évoque le titre de cet ouvrage ; une propagande symbolique et suggestive ; n'est pas sans nous rappeler toute une littérature remettant en cause notre appréhension et appréciation d'une réalité représentée, d'une esthétique du quotidien, d'images comme spectacle : Guy Debord, Jean Duvignaud, Christian Malaurie ainsi que Roland Barthes. Par ailleurs, si référence il y a au sémiologue et linguiste Roland Barthes, c'est bien à de nouvelles mythologies que nous convient les peintures de cet artiste talentueux et discret :
« Pour moi, peindre consiste à observer et à rendre compte de ce qui m'entoure. C'est non seulement témoigner mais, plus encore, créer des images sublimées. J'essaie de trouver le mythe dans le quotidien le plus immédiat, presque banal. » François Bard
Une très riche et instructive monographie démontrant une fois de plus que la peinture figurative n'a pas dit son dernier mot ! (certaines de ses œuvres sont visibles à Bordeaux, à la Galerie DX, où une exposition lui fut consacrée en 2015 : Nous, héros si singuliers).