Un coup de coeur de Mollat
Pourtant il vous donne une piste : plus elles seront folles et insensées, plus vous devrez les croire. Est-ce que Curt Lemon, avant de sauter sur une mine, s'est vraiment mis à poil et, couvert de peinture un soir d'Halloween, a erré dans ce petit village vietnamien avec son arme ? Est-ce que "Rat" a vraiment réussi a faire venir sa petite copine sur le camp grâce à quelques dollars et quelques pattes graissées ? Est-ce que Tim O'Brien s'est vraiment coltiné son barda en compagnie de Kiowa, un native-american qui emportait la hâche de son grand-père et leur appris la danse de la pluie ?
Est-ce important ? Pourquoi écrire, encore, sur le Vietnam, plutôt que d'écrire, comme le lui demande sa fille, l'histoire d'une gamine qui aurait enfin un poney et deviendrait très riche ?
Peut-être pour le chapitre "Rainy River".
Parce que Tim O'Brien parvient à nous faire ressentir l'effroi et la crise dans laquelle une lettre d'appel peut vous plonger. Lui qui était mollement contre ce conflit, jeune homme adorable dans un petit village bien-pensant, promis à un brillant avenir, rentre dans la folie de la guerre à la minute où il ouvre sa lettre. Le chapitre est unique dans ce roman qui vous conte les histoires, anecdotes, de jeunes soldats, où vous tirez dans votre souvenir de Full metal jacket ou d'Apocalypse Now quelques silhouettes.
Il raconte pourquoi Tim est parti au Vietnam, plutôt que de s'échapper au Canada. Et la réponse ne m'a pas plue. Mais elle me taraude, et depuis que j'ai lu Les choses qu'ils emportaient, je ne cesse d'y penser. N'est-ce pas ça un bon livre ? Une question, une image, qui vous hante ?
Et je ne cesse de penser, en parallèle, à Un homme de trop, et à Michel Piccoli...