Un coup de coeur de Jérémy Gadras
partagé le témoignage d'une enfant de 10 ans, Elif Akboğa, et pour avoir dessiné sur tablette numérique la reproduction d'une photographie de la ville de Nusaybin, anéantie et ornée de drapeaux turcs où se distinguent des tanks métamorphosés en bêtes hybrides féroces dévorant toute une population.
Des œuvres bouleversantes ne s’épargnant pas pour autant la beauté d'un style riche et singulier, citant ou renvoyant à plusieurs genres picturaux. Avec les encres, acryliques, huiles, pages de journaux peinturées d'images violentes et poignantes, ce Journal d'une condamnation/chronique d'une exposition est un cri lancé pour la liberté, un témoignage déchirant portant l'espoir de l'abolition des oppressions, conflits et persécutions vécus tant par les Kurdes que par les femmes et hommes résistants. Par un titre poétique, Les Yeux grands ouverts, ce journal de bord dessine les traits d'une jeune femme artiste déterminée, combative et créative qui ne vous laissera aucunement indifférent. Un livre à découvrir et surtout à lire et relire sans hésitation.
« Les yeux des personnes que je dessine sont plus grands que la normale. Ils sont extrêmement ouverts et grands. Parce que les yeux sont témoins de tout. Nous sommes fatigués de dénoncer sans cesse le fait que sur ces terres, des massacres soient commis. Nous sommes épuisés de répéter que des politiques contre la résistance sont menées sur ces terres. Personne ne nous entend, ou ne veut nous entendre. Parfois parler n'est pas suffisant pour d'écrire certaines choses, j'ai appris cela. Dans mes œuvres se sont les yeux des personnages qui racontent tout [...] »