Peu de temps après la fin d'une guerre, une adolescente réfugiée dans un camp après avoir subi de nombreux sévices s'enfuit pour retrouver Boy Killer, un enfant soldat qui l'avait enlevée. Il est devenu son seul espoir. Ce texte fait écho à A la guerre comme à la Game Boy en donnant cette fois-ci la parole à la jeune fille pour qu'elle témoigne de sa vision de la guerre. ©Electre 2025

Une adolescente s'est enfuie du camp de réfugiés où elle avait été recueillie pour rejoindre le jeune soldat qui l'a enlevée. Mais celui-ci reste étrangement silencieux. En attendant son réveil, elle lui raconte sa vie, ses peurs et ses rêves brisés.

Dans un contexte de guerre civile, elle a été enlevée et enrôlée dans un groupe rebelle. Victime d'un viol collectif de la part des combattants de l'ethnie rivale le jour de son enlèvement, puis devenue le jouet sexuel du commandant de « son » groupe, elle a accouché en cachette et a essayé de tuer cet enfant avant de s'enfuir.

Maintenant que la guerre est finie, la seule personne sur qui elle a encore l'espoir de pouvoir compter, c'est ce jeune garçon qui l'avait enlevée.

La porte s'est ouverte.

Ce n'était pas Fifion Ribana.

C'était toi.

Quand je t'ai vu, j'ai eu envie de pleurire.

Parce que je ne comprenais pas pourquoi ils avaient fui.

Un enfant.

Eux. ils étaient des grands.

Ils étaient trois.

Tu étais seul.

Mais ils ont fui.

Ils ont fui alors qu'ils avaient des kalaches et des couteaux et des machettes.

Maintenant je sais pourquoi ils ont fui quand ils t'ont vu venir.

Quand un enfant marche seul avec une kalache, on sait jamais qui vient derrière.

Tu étais un éclaireur, maintenant je sais.

(...)

Mais je pouvais pas vous dire qu'ils étaient là avant que vous n 'arriviez.

Je pouvais pas vous montrer la direction où ils étaient partis en courant.

Vous alliez savoir ce qu'ils m'ont fait.

Et je voulais pas que vous sachiez ce qu'ils m'ont fait.

Et même si vous les rattrapiez, je voulais pas les voir.

Je voulais plus les voir à cause de qu'ils m'ont fait.

Je te parle de ça parce que tu m'avais sauvée des griffes de ces Mounguélé-nguélés.

Je ne pouvais jamais te raconter ça avant aujourd'hui.

Ni au Commandant.

Ni à Amazone AK-47.

Ni à ¡'infirmière du camp des réfugiés.

Ni à personne.

Trop honte.