Un coup de coeur de Bélinda B
Clémence est la narratrice de ce roman : du haut de ses huit ans, elle nous conte sa vie dans l'Aubrac, au sein d'une famille pleine d'amour et de fantaisie. Il y a son père, instituteur, avec lequel elle découvre les trésors de la nature sur le chemin de l'école ; sa mère, qui aime se balader nue dans la maison et chanter des poèmes. Il y a les petits déjeuners au lit, les vacances à la mer, la grand-mère pleine de surprises, l'enivrante cousine Lise, l'amoureux Just... Une vie de bonheur, rythmée par le passage des saisons, à l'abri du bruit du monde. Clémence s'émerveille de tout, et communique avec force sa joie de vivre, l'amour inconditionnel que se portent ses parents, et l'amour qu'ils lui portent à elle. Jusqu'au jour où tout ce qu'elle croyait acquis s'effondre, jusqu'au jour où la vie n'est que perte et absence.
La force de ce roman vient de sa langue, poétique et vibrante, mais aussi de sa narration, incroyablement surprenante. Isabelle Desesquelles sait comme personne parler de ce qui nous transporte de bonheur et de ce qui nous tue : ce texte est une succession de fulgurants moments de passion et de pointes de chagrin intense, la joie et la perte forment un duo magnifique et entraînant, que l'on ne veut pour rien au monde lâcher. Je voudrais que la nuit me prenne est une plongée dans le monde de l'enfance, ce monde merveilleux plein de brillantes réflexions et de ressentis exacerbés, ainsi qu'une plongée au coeur des souvenirs, ses souvenirs parfois douloureux, emprisonnant, et sans lesquels nous ne pourrions néanmoins pas vivre.
Je voudrais que la nuit me prenne ma' profondément bouleversée, ce fut une expérience de lecture incroyable, dont le souvenir me hante encore, et, j'en suis sûre, vous hantera longtemps !
Prix Femina des lycéens 2018.