Un coup de coeur de Nathalie Troquereau
Dans cet opus ponctué de dessins de l’artiste et agrémenté d’un CD de 12 pistes, on découvre un Woody Guthrie vagabond, débrouillard, insurgé, empathique, surdoué, orgueilleux, drôle et archi prolifique.
Proche du journal intime, ou plutôt du carnet de bord, l’ouvrage redonne vie et voix à l’homme que Bob Dylan idolâtre depuis l’enfance. Woody Guthrie incarne l’archétype du hobo, vagabond musicien qui n’a que sa guitare et ses chansons pour dire et parcourir le monde. Il collectionne les petits boulots, bat la campagne à pieds ou dans une Chevrolet déglinguée, puis, quand il n’y a plus de routes, Woody prend la mer. Voix du peuple, voix du blues, un blanc qui chante le mal de la classe laborieuse dans son entier, Woody Guthrie mérite d’être réécouté comme il mérite d’être lu.
Parmi les pépites disséminée dans la traduction de Vassal, on découvre en introduction le morceau contestataire écrit en 1950 par le musicien à l’adresse de Fred Trump, c’est – dire le père de vous-savez-qui. Ce dernier, promoteur immobilier féroce et connu pour répandre et pratiquer la haine raciale a été gratifié d’une ballade pas franchement élogieuse, et, à la faveur de l’actualité, devenue culte.
Entre le journal intime, le livre de recette de blues songs, le récit de voyage et le recueil de chansons, Cette Machine tue les fascistes constitue un florilège foutraque de ce que pouvait être le cerveau de ce génie du blues. Woody Guthrie nous fait rire, nous impressionne, nous émeut… On rêve de l’entendre chanter sa liste improbable de chanson dont « Bébé syndiqué » ou encore « Le Percepteur mort ». Lui, en tout cas, ne l’est pas vraiment, et les fascistes non plus.