Un coup de coeur de Jean-Baptiste G.
Né en 1871 en Suisse, grand érudit et membre de l'Académie brésilienne des lettres à partir de 1907, Guglielmo Ferrero s'est imposé en son temps comme l'un des plus grands noms de l'histoire romaine. C'est au lendemain de la Première guerre mondiale qu'il publie La Ruine de la civilisation antique. Au fil d'une réflexion pleine de finesse, il invite le lecteur à analyser les ressorts politiques et culturels de l'histoire sur le temps long pour prendre du recul vis-à-vis des évènements contemporains.
Si Rome ne s'est pas faite en un jour, il en est de même pour sa chute. Le regard que porte Ferrero sur les derniers siècles de l'empire reste encore aujourd'hui d'une grande originalité. Pour lui le déclin de Rome n'est en rien consubstantielle à la perte de prérogatives de ses institutions au profit du prince. Elle serait plutôt le fruit d'une trahison de ses élites de plus en plus recrutées sur des territoires toujours plus éloignés de la ville éternelle et de ses intérêts, mais aussi de l'essor d'un véritable seisme spirituel et intellectuel : le christianisme. Opportunisme, ambitions personnelles et dissensions auraient ainsi fragmenté l'Urbs et favorisé l'érosion des institutions et de l'unité impériale.
Les Belles Lettres ont réédité ce petit texte emblématique qui constitue de manière certaine une véritable pépite dans une bibliothèque.