Un coup de coeur de Anthony G.
Ici, dans L'année sauvage, le récit se compose de réflexions, d'impressions et de souvenirs et s'articule en trois axes.
D'abord, il y a, parsemées ça et là sous forme de réminiscences de « la vie d’avant », toutes les raisons qui motivent ce choix que d'aucun considérerait comme radical. De la consommation effrénée et sans réel but à l’addiction au confort et au divertissement en passant par la perte du savoir-faire soi-même et la rupture totale avec la nature et le réel… Ces maux si justement et humblement décrits par Mark Boyle font écho à des sentiments qui nous traversent tous plus ou moins.
Puis, il y a ce qui constitue l’essentiel du récit : un témoignage au présent de cette vie dans les bois. Celui-ci se fait sans emphase et avec la plus grande des sincérités. On y découvre, certes, les nombreux bienfaits du retour à la terre (tels que déjà racontés il y a plus d’un siècle par Thoreau et d’autres) : amélioration du rythme de vie, de la santé et des relations humaines (l’absence de technologie n’empêche pas la présence de voisins), autonomie alimentaire et énergétique, paix de l’esprit, quête de soi et harmonie avec la nature… Mais Mark Boyle nous confie aussi ses quelques difficultés rencontrées : caprices de la météo, apprentissage du feu et de la pêche, absence des parents et des proches, privation de l’abondance et de la variété alimentaire, vie amoureuse à concilier…
Enfin, apparaît en leitmotiv le récit du voyage de l’auteur sur l’île Grande Blasket. Raconté comme un retour aux sources, un pèlerinage ou une enquête anthropologique, il est l’occasion pour le néo-rural d’observer, de comprendre et d’apprendre le mode de vie de ses ancêtres qui vivaient là jadis. Un passage empreint de poésie qui donne envie de se plonger dans la lecture de L’homme des îles de Tomas O’Crohan.
Comme dit précédemment, cette année sauvage est donc bien plus qu’une lubie. Elle permet le réapprentissage d’un mode de vie séculaire et salvateur pour le vivant. D'ailleurs, aux dernières nouvelles, Mark Boyle a prolongé l'expérience au delà de l'écriture de ce livre et n'a toujours pas quitté sa cabane et ses bois. À voir la tournure que sont en train de prendre les événements du monde et les bouleversements collectifs qui en découlent, on ne peut que le comprendre (voire l’envier).
Du reste, ce livre formidable et honnête permet l'évasion et le pas de recul. Soit très certainement ce dont nous avons tous besoin en cette période.