Récit de vie de M. Thomazeau, né en 1922 dans la région nantaise d'un père cheminot et d'une mère au foyer. Ouvrier à 11 ans, résistant au cours de la Seconde Guerre mondiale puis homme de presse, il prend successivement les directions des périodiques communistes L'Echo du Centre à Limoges, Liberté à Lille et La Marseillaise à Marseille. ©Electre 2024

Un long chemin

Son certificat d'études en poche, à l'âge de onze ans, il devient apprenti typographe dans une imprimerie de Nantes. Au contact de cette « aristocratie de la classe ouvrière » et grâce à sa passion dévorante pour la lecture des livres et des journaux, il se crée une conscience politique alors qu'éclate la Guerre d'Espagne et que triomphe le Front populaire. Engagé auprès du Parti communiste, interdit dès 1939, il se lance dans la résistance à l'occupant et devient l'un des leaders du mouvement en Basse-Bretagne jusqu'à son arrestation en 1943. Condamné aux travaux forcés alors que son frère aîné est fusillé, Marcel Thomazeau est incarcéré au bagne de Fontevraud, puis à la centrale de Blois, où il se lie avec le syndicaliste Marcel Paul. Il est ensuite déporté dans les camps autrichiens de Mauthausen, puis Gusen I et II, où il frôle la mort et côtoie Pierre Daix ou Artur London. À peine libéré, et après une longue convalescence, il est engagé comme secrétaire par Marcel Paul au ministère de la Production industrielle, qui va notamment donner naissance à EDF et contribuer à la reconstruction de la France. Chargé par le ministre de gérer sa circonscription de député de la Haute Vienne, Marcel Thomazeau va prendre la direction du journal L'Echo du centre à Limoges. Il devient alors l'un des principaux cadres de la presse communiste de l'après-guerre, dirigeant par la suite Liberté à Lille puis La Marseillaise à Marseille. À ces postes de responsabilité, il accompagne l'évolution technologique de la presse quotidienne et contribue à la faire entrer dans la modernité. Après sa retraite en 1985, il reste auprès de ses camarades et de ses proches une référence par sa culture politique, la justesse de ses analyses et une originalité de vue rare dans un long parcours où il est sans cesse resté fidèle à ses idéaux de jeunesse : justice sociale et lutte contre les intolérances et les totalitarismes.

Un témoignage fort et vibrant d'une vie qui se confond avec les grands enjeux, les grands espoirs et les grandes tragédies du XX^e siècle.