Un coup de coeur de Véronique M.
En 2023, l’orphelin Antoine Mendi devenu lieutenant, a obtenu sa mutation pour intégrer la gendarmerie de Bagnères-de-Bigorre, notamment pour faire la lumière sur les circonstances de cette tragédie personnelle et collective. Mais il est loin d’imaginer combien ce retour aux racines risque de lui faire courir un danger aussi imprévisible que les cavités dissimulées sous le paisible manteau neigeux. Alors que la seconde épouse de son grand-père lui remet une lettre renfermant la vraie raison de la disparition de ses parents, d’autres événements ne tardent pas à déterrer d’autres troublants secrets, et à corroborer une toute autre version des faits.
Près de là, l’éleveur Mathias Dangles fulmine contre les militants écologistes du coin favorables à la réintroduction de l’ours et du loup dans la région, responsables selon lui de la perte de plusieurs de ses brebis. Et quand il retrouve dans son champ sept bonhommes de neige disposés en cercle accompagnés d’un message “On vous aura”, la menace de mort, quoiqu’ insolite, se précise. Mais d’autres prédateurs rôdent dans ce coin plein de légendes, notamment autour de “ceux de la forêt”, une communauté vivant en autarcie et qui ne côtoie pas “ceux d’en bas”, les habitants du village. L’histoire de l’ogre Millaris, gardien originel de ces lieux, étoffe aussi le roman d’une dimension mythologique qui laisse planer le doute sur la véritable présence d’un croque-mitaine prêt à tous les sacrifices…
La folie, les abus, les traumatismes, l’emprise psychologique, la malédiction familiale et la cause environnementale sont quelques-uns des thèmes qu’aime explorer Sonja Delzongle dans tous ses thrillers, notamment depuis la tétralogie Hannah Baxter (Dust, Quand la neige danse, Récidive, L’homme de la plaine du Nord, sont disponibles chez Folio policiers). Grande voyageuse, l’auteure met en lumière les paradoxes d’une nature souveraine, protectrice et mortelle, que ce soit dans les formidables Boréal, Cataractes ainsi que dans Le dernier chant (tous également en format poche).
Dans Abîmes, la neige devient l’élément central : cette “mort blanche” qui fascine Antoine au point d’en faire son premier métier de chasseur alpin malgré la phobie qu’elle lui inspire, est celle qui engloutit les mystères les plus enfouis, les conserve dans son linceul de glace, prêts à exploser au grand jour au nom d’une vérité qui peut s’avérer pire que bien des mensonges…