D'octobre 1935 à mars 1936, les fêtes du Tricentenaire, véritable exposition coloniale, commémorent le rattachement à la France de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane, symboles d'une assimilation réussie. Cet ouvrage aborde l'événement sous l'angle de sa croisière maritime, mettant au jour les enjeux et les stratégies de diffusion d'un imaginaire antillais féerique. ©Electre 2024

La Croisière du Tricentenaire des Antilles et de la Guyane

Construction d'un imaginaire transatlantique

D'octobre 1935 à mars 1936, les « vieilles colonies » d'Amérique commémorent les trois cents ans de leur rattachement à la France. Le Tricentenaire s'inscrit dans la logique de la propagande assimilationniste marquant de manière spectaculaire et festive l'appartenance des Antilles et de la Guyane à la mère patrie. L'originalité de cet ouvrage est d'aborder la lecture analytique de cette exposition coloniale sous un angle inédit, peu connu, celui de sa croisière maritime. Elle se révèle être pourtant la pièce maîtresse du récit, son fil conducteur. « Apothéose » de la narration, la Croisière du Tricentenaire scénarise l'arrivée en Guadeloupe et en Martinique des délégations officielles venues en nombre depuis le Havre, porteuses dans la Caraïbe, - par ses autres escales à Cayenne, à Haïti et à Cuba -, des valeurs françaises. Par des jeux de résonances historiques, le paquebot Colombie de la Compagnie générale transatlantique incarne la puissance maritime et militaire des empires du passé et du présent, ses nostalgies et ses espoirs de développement économique, touristique et patrimonial pour le futur. Avec ses passagers invités ou choisis, il rassemble en son sein l'élite politique, savante et artistique coloniale de l'entre-deux- guerres, expression du triomphe de l'assimilation dans la « Méditerranée américaine ».

Cet ouvrage est nourri du croisement de nombreuses sources écrites, iconographiques et cinématographiques. À la frontière entre histoire politique, maritime et histoire de l'art, il révèle notamment le rôle de la Société coloniale des artistes français, des hommes politiques noirs et des femmes artistes dans la construction d'un imaginaire post-esclavagiste aux ambitions touristiques affichées, impulsant durablement depuis le continent un « rêve des Antilles » tout en fixant par ses images insulaires fantasmées de nouveaux stéréotypes.