Un coup de coeur de Anthony G.
À échelle de société, le corollaire le plus visible et dramatique de notre quête de confort est la destruction de l’environnement et des écosystèmes. La surconsommation, la pollution industrielle ou encore l’abattage massif d’animaux d’élevage sont les conséquences directes et indéniables de notre mode de vie contemporain que Stefano Boni qualifie d’hypertechnologique (par opposition à l’hypotechnologie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs). De plus, en mettant à distance ou sous contrôle la nature pour ne pas avoir à souffrir des contraintes que celle-ci nous impose, nous avons rompu le lien avec le monde organique. Ainsi, l’écologie prend parfois la forme d’une exaltation de la nature qui tient lieu de la compensation schizophrénique, qui révèle notre inquiétude latente vis-à-vis des catastrophes qu’engendre notre mode de vie hypertechnologique.
Cependant, si Stefano Boni établit que nous sommes tous tout à la fois les responsables et les victimes de ce basculement anthropologique, il met en garde contre un danger qui nous guette : celui du salut personnel et individuel. Pointant du doigt la pratique compensatoire du fitness et autres succédanés de vie primitive, le penseur italien voit dans ces modes une nouvelle facette de la recherche de bien être autocentrée et en appelle plutôt à élaborer ensemble une alternative au système hypertechnologique. Et cela pour en finir avec notre société de joggeurs du matin immobilisés le reste de la journée. (Ivan Illich)
Étant difficile de rendre hommage à la richesse et à l'acuité d’Homo Confort sans faire trop long ou trahir sa rigueur, contentons nous de conclure en disant que l’ouvrage de Stefano Boni est de la trempe de ceux qu'on relit, qu’on cite, qu’on conseille ou qu’on offre. Magistral !