Un coup de coeur de Guillaume D.
Enfin un ouvrage de Hans Kelsen accessible au plus grand nombre. Ce penseur autrichien - peut-être le plus important du droit contemporain -, à qui l’on doit notamment le concept de hiérarchie des normes et qui a formé la matrice de notre approche positiviste de la justice, reste pourtant quelque peu oublié par le monde de l’édition français.
Dans cet essai concis et limpide, Hans Kelsen revient aux fondamentaux : la définition de la justice, du droit et de la morale. Loin d’être triviales, ces questions animent en profondeur les débats juridiques actuels.
Existe-t-il un principe universel sur lequel fonder notre justice ? Toute morale est-elle relative ? L’anthropophagie – pour reprendre une formule de Léo Strauss - n’est-elle finalement « qu’une affaire de goût » ?
La position de Hans Kelsen est très claire. Pour accéder au rang de science, le droit doit considérer les normes comme des faits, et non pas comme des valeurs, qui sont par essence subjectives. Le juriste doit donc veiller à la cohérence des normes qui sont édictées, et arbitrer les intérêts contraires qui se rencontrent dans la société, mais doit s’abstenir de fonder nos lois sur une quelconque « valeur absolue ».
Selon Kelsen, c’est précisément en prenant acte de cette relativité et en permettant à toutes les voix de s’exprimer au sein de la société que l’on peut espérer fonder un Etat de droit, c’est-à-dire une démocratie.
Un texte essentiel pour comprendre le droit moderne et les enjeux du monde contemporain.