Un coup de coeur de Libraires BD - Manga
Edward Nygma, le Riddler, vient d'abattre froidement un homme dans les rues de Gotham. Après s’être rendu aux forces de police de la ville, Gordon fait appel au Batman. Le chevalier noir ne comprend pas le nouveau modus operandi de sa némésis. Aurait-il basculé ? Ne serait-il devenu qu’un criminel comme les autres ?
Pendant les longues heures passées à l’ombre du pénitencier de Gotham, Edward débute une introspection, la sienne, pour savoir quelle journée a été décisive pour son futur de criminel ? Quand a-t-il vécu sa mauvaise journée ?
L’enquête piétine, Bruce Wayne ne parvient pas à deviner les contours des motivations de Nygma. Et si pour une fois il n’y avait pas de jeu, de devinette mortelle ? Et si pour une fois c’était personnel ?
Avec cette nouvelle série “elseworld” basée sur les rogues de l’univers du Batman, Tom King frappe fort avec ce premier volume consacré au Riddler.
Dernier antagoniste vu au cinéma dans le magistral The Batman de Matt Reeves (et fabuleusement interprété par Paul Dano), calculateur, froid, accro aux devinettes, l’homme mystère est un des rares ennemis de l’homme chauve souris à avoir deviné l’identité du justicier. Et dans ce One Bad Day, le scénariste rend parfaitement hommage à toutes les facettes de ce vilain un peu trop sous-estimé.
Le récit suit deux temporalités distinctes. La première au présent, où le Riddler est derrière les barreaux et où le Batman mène l’enquête sur le pourquoi de son acte pour le moins expéditif. Puis une autre portion du récit au passé, où nous suivons un jeune Edward frustré par son apprentissage dans un établissement privé de Gotham. C’est durant cette jeunesse que nous, lecteurs, serons confrontés à cette fameuse mauvaise journée qui donne son titre à la série (One bad day). Le jour où Nygma bascule pour laisser place à son alter-ego génie du mal : le Riddler.
L’histoire est dans une pure veine polar, où le Batman ne démérite pas de son titre de plus grand détective du monde. C’est une enquête oppressante où nos repères sont mis à mal. Si vous pensiez connaître le Riddler et ses jeux macabres, vous vous devez d’enquêter aux côtés du chevalier noir pour découvrir que toutes vos certitudes vont s’effondrer jusqu’à un final osé et plein de rebondissements.
Au dessin nous retrouvons un collaborateur habituel de King, Mitch Gerads qui donne au récit une ambiance poisseuse et oppressante rappelant même le travail de Darius Khondji sur la photographie du Seven de David Fincher. Et autre coïncidence, ou inspiration, sans divulgacher les tenants et aboutissants du récit au long terme, la quête du Riddler peut être se rapprocher de celle du John Doe de Kevin Spacey dans le même métrage. Sombre et dur, l'univers imaginé par Gerads correspond à merveille à l’image d’un Gotham moderne dans lequel évolue un justicier aux oreilles pointues.
One bad day : le sphinx est une excellente surprise, doublé d’un début de série prometteur où de nombreux super-vilains un peu trop laissés sur la sellette reviendront sur le devant de la scène pour notre plus grand plaisir !