Un coup de coeur de Mollat
Après la Nouvelle-Zélande (Haka et Utu), l'Afrique du Sud (Zulu), l'Argentine (Mapuche), le Chili (Condor), la Colombie (Paz), la Sibérie (Lëd), Okavango, du nom du fleuve qui coule en Namibie, vous fera voyager au coeur des paysages africains, dans les réserves d'animaux sauvages, proies de toutes les convoitises de braconnage... Dès les premières pages, le lecteur se retrouve embarqué dans la réserve de Wild Bunch, où un pisteur relève des traces de rhinocéros. Une tempête de sable se lève, l'homme désorienté prend peur, et le lecteur sent monter la tension. Quelques pages plus loin, son cadavre gît au sol "les yeux encore ouverts, le dos tailladé sous son tee-shirt, et des blessures profondes dont le sang commençait à coaguler malgré le travail acharné des fourmis".
Tout l'art de Ferey est là, nous mettre en totale empathie avec ses personnages. Mais ce n'est pas la tornade qui a tué le pisteur, ni même un fauve, on est bien sur une scène de crime. L'enquête débute et sera retorse et cruelle - cela ne surprendra pas le lecteur familier de l'univers de l'écrivain : jusqu'au bout et sans pitié ! On fait successivement la connaissance de John Latham, propriétaire de la réserve, à la personnalité singulière, et de son intendant, N/Kon, sa jeune et attachante nièce Priti, tous deux issus du peuple San, de Rainer du PLessis dit "Le Scorpion", braconnier sans état d'âme, et du trio de rangers de la KaZa, chargés de préserver la faune, composé de Solanah Betwase, de son mari le colonel et du jeune coéquipier Seth Shikongo.
Sur fond de trafic d'animaux (ivoire des éléphants, cornes des rhinocéros) et au-delà de l'intrigue, l'auteur signe un vibrant plaidoyer pour le vivant qui a ému votre libraire, qui ne regardera plus jamais une girafe de la même façon. Les fauves ne sont pas ceux que l'on croit.