Un coup de coeur de Guillaume D.
Jean François Billeter, éminent sinologue et grand spécialiste de Tchouang-Tseu, nous fait ici goûter aux saveurs de la culture chinoise par le biais d’une expérience déterminante : la traduction.
Les différences entre le chinois et le français sont en effet si profondes que le passage d’une langue à l’autre s'avère être une étape décisive pour appréhender les spécificités de nos deux pays. Car les mots les plus simples ne peuvent être retranscrits sans que l’on convertisse notre esprit à un ensemble de références culturelles qui forment un tout cohérent, une vision du monde.
« C’est par l’intermédiaire de la vision que s’accomplit le passage d’une langue à l’autre. Elle est la pierre du milieu de la rivière sur laquelle l’on pose le pied pour passer de l’autre côté. »
Là où Jean François Billeter donne une tournure toute personnelle à cette idée, c’est dans sa manière de réaliser cette « vision ». Tout se passe comme s’il se mettait directement à la place de l’auteur qu’il traduit, comme s’il convoquait toutes ses connaissances historiques, ses expériences de voyage et ses lectures pour retrouver, comme dans un souvenir, le moment précis qu’un poète a décrit, voilà plus de mille ans, à l’autre bout de la planète.
Par là-même, il nous fait, à nous aussi, entrevoir de la façon la plus simple et la plus directe, toute la richesse, la simplicité et la fraîcheur de la littérature chinoise.
Une leçon magistrale sur la traduction qui se révèle une formidable porte d’accès à cette culture plurimillénaire.