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Un coup de coeur de Charline
"Les hommes violents ne sont ni des monstres affreux, ni les héros d'un roman national inventé pour les dédouaner de leurs responsabilités. Ils sont là, parmi nous, exactement dans la norme sociale, au cœur de nos foyers, ce sont nos pères, nos maris, nos compagnons, nos fils, nos cousins, nos amis. Et tant que la société n'aura pas accepté cet état de fait, nous ne saurons pas mettre fin aux violences domestiques".
Rose Lamy s'attaque à démanteler la figure du "bon père de famille", cette fiction ordinaire autour de laquelle s'organise notre système social et économique. Une mythologie du "bonus pater familias" qui invisibilise bien souvent les violences quotidiennes que subissent les femmes et les enfants dans la sphère domestique. A partir du témoignage de sa propre mère, elle revient sur l'histoire du "patriarche", notamment depuis le droit et le Code Civil ("La femme et ses entrailles sont la propriété de l'homme, 1804).
Avec elle, interroger la cellule familiale et domestique consiste à défaire cette "théorie des monstres" : défaire l'imaginaire du rôdeur dans un parking ou d'un tueur en séries, pour s'intéresser aux types biens, sous tous rapports, sympathiques, avenants. Derrière les portes closes, elle décortique une rhétorique de l'ambiguïté qui distingue si bien ces,"bons pères de familles et "les autres", ceux qui répondent davantage aux profils du monstre, de l'étranger, du pauvre. Ainsi, la violence n'est plus "préméditée" mais devient accidentelle pour les "bons chefs de familles", des "dérapages" justifiés par un manquement à l'ordre du patriarche.
Depuis sa propre histoire, Rose Lamy signe un essai qui émeut autant qu'il alerte,un texte qui outille pour espérer mieux décrypter et enrayer ces violences invisibles perçues comme trop légitimes.