Un coup de coeur de Véronique M.
Derrière le tissu rouge sang de la couverture aux lettres et dessins dorés, l’illustratrice nous rappelle dans un passionnant texte introductif la place importante de cette autrice dans la littérature victorienne du XIXème siècle. Si nous pouvons citer des romantiques anglais comme John Keats, William Blake ou Lord Byron, peu connaissent les poèmes de leurs consoeurs : les sœurs Brontë, Elizabeth Gaskell, ou cette Christina Rossetti pourtant incontournable outre-Manche. Diglee se procure à Londres son recueil le plus célèbre publié en 1862, "Goblin Market", et découvre “son atmosphère oppressante, saturée d’allusions sexuelles, [qui] m’a même troublée : Christina Rossetti connaissait donc la brûlure du désir et la dangerosité des hommes”. Fascinée chez cette “fille de la lune” par le mélange entre mysticisme, réclusion et sensualité, elle décide de nous partager ce poème entier pleinement rendu par la traduction libre et joyeusement “fruitée” de Clémentine Beauvais qui propose également le texte original à la fin du livre.
Entrer dans le monde des deux sœurs, Laura l’intrépide et la sage Lizzie, c’est se refuser ou s’abandonner aux vertus paradisiaques et charnelles des fruits défendus par les gobelins, créatures qui peuvent revêtir bien des sens cachés. Mis en lumière par les volutes de Diglee et par les mots soigneusement choisis de Clémentine Beauvais, "Laura Lizzie & les hommes-gobelins" se prête à de multiples interprétations et publics, si bien qu’on pourrait croire qu’il vient d’être composé. Cent soixante ans plus tard, ce conte poétique n’a donc rien perdu de sa force subversive !