Un coup de coeur de Géraldine
Comment explique-t-on l'essor des applications numériques dans la relation école-famille ? Comment ces applications modifient-elles le rôle des enseignants ? En quoi peuvent-elles améliorer la communication école-famille ? Quelles sont les perspectives d'avenir pour les applications numériques dans le domaine de l'éducation ? Quelles sont leurs limites ?
A partir de l'analyse des sept applications les plus utilisées en école primaire, de l'étude du comportement des utilisateurs et de l'appui de nombreux témoignages d'enseignants, parents et éditeurs de logiciels mobiles, les sociologues Aksel Kilic et Jean-Paul Payet explorent les effets de ces nouveaux outils numériques sur la relation école-famille.
"On ne confie plus son enfant à une autre institution (scolaire, de loisirs, etc.) sur le mode de la délégation, mais on requiert de ces institutions "partenaires" que le lien ne soit pas coupé, qu'une continuité opère, notamment au travers d'un droit au regard, à la transparence."
Si ces applications ont grandement encouragé l'implication des familles dans la scolarité de leurs enfants, amélioré le suivi des élèves et facilité la relation école-famille, elles posent néanmoins quelques interrogations quant au risque de dérives liées à la dépendance de ces outils (intrusion dans la vie privée, risque de surveillance accrue, préférence d'une communication virtuelle au détriment d'une relation en présentiel...).
"Enseignant et parents se rapprochent, mais dans une forme relationnelle qui ne les oblige pas à être ensemble. La classe s'ouvre sur quelques activités qui sortent de l'ordinaire, mais les portes de la pédagogie restent soigneusement closes".
Du côté des enseignants, l'utilisation de ces nouvelles technologies est devenue une pratique incontournable. L'instantanéité des échanges, le suivi personnalisé des élèves, la visibilité de leur travail au quotidien, sont des atouts indéniables pour tous les acteurs de la communauté éducative. Les auteurs soulignent néanmoins les limites posées par cette digitalisation des relations. Face à la pression esthétique et à la quête de la performance sur les réseaux sociaux, les enseignants sont aujourd'hui exposés à "l'instagrammabilité" de leur métier. Cette tendance de l'image idéale n'est pas sans conséquence sur les pratiques pédagogiques et peut susciter une forme de compétition entre enseignants.
" Les enseignants sont entrés dans une forme d'exposition, voire de marketing, qui diffuse une image flatteuse, et quelque peu factice, du travail pédagogique et du travail scolaire."
L'école du like nous questionne sur notre rapport aux nouvelles technologies, sur les enjeux et les défis de demain. Un ouvrage rigoureux et documenté sur un sujet complexe.