Un coup de coeur de Libraires BD - Manga
Dans un lointain futur, le vaisseau Héritage est en direction d’une planète jumelle de la Terre située à quelques 20 000 années de distance. Le but de la mission entreprise par les quatre astronautes, Reiz, Onye, Ryoko et Chana est des plus simples dans les faits : partir sur la planète Geminae dans le but d’y établir une colonie humaine grâce à des embryons cryogénisés embarqués par centaines dans les soutes de l’Héritage. A intervalles réguliers, les colons sortent de leur cryo-stase pour vérifier l’intégrité de l’appareil et des embryons. Mais un jour, lors d’un réveil, ils découvrent sur leurs mains des calcifications étranges que même la chirurgie dermatologique n’arrive pas à soustraire. Attendant de trouver une réponse et un remède, ils continuent leur route vers Geminae…
L’histoire de cette équipage nous est conté par un homme au visage défiguré, errant dans un environnement hostile ou tempêtes et froid extrême sont monnaie courante. Son auditoire se compose d’une petite fille, qui souhaite en apprendre plus sur ses hommes venus des étoiles à la recherche d’un monde meilleur pour s’y établir. Mais les révélations qui parsèment la route ne seront pas toutes bonnes à apprendre.
Philippe Valette livre avec L’héritage fossile une aventure spatiale aux frontières de l’horreur qui touche l’excellence. Avec une narration s’étalant sur deux temporalités distinctes, le récit oscille entre survival en milieu hostile et une quête pour un avenir meilleur qui glisse doucement vers un horizon plus obscur et terrifiant. Ici il est question avant tout de la soif de progrès et de découverte de l’Homme. Jusqu’où serait-il prêt à aller pour étendre son influence et surtout pour s’étendre dans la galaxie. La question de la sauvegarde est ici essentielle, mais aussi celle de la pérennité et de la survie.
Par moment les questions posées, les résolutions et les découvertes des personnages peuvent rappeler certains des pivots narratifs du diptyque de Ridley Scott Prometheus et Alien Covenant (qui malgré ce que le public peut penser, ne sont pas de mauvais films).
Graphiquement, Valette propose une symbiose entre modèles 2D réalisés à la main qui viendront s’ajouter sur une modélisation 3D des décors et environnements. Le tout magnifié par un rendu final en compositing.
Le récit de Philippe Valette est en fin de compte une exceptionnelle bande dessinée de science-fiction qui mêle les genres et se les approprient avec brio pour nous livrer une œuvre puissante, belle, réflexive et intense. Un grand roman graphique !