Un coup de coeur de Alexandre
Les premières chorégraphies de l’artiste belge, "Fase", "Rosas danst Rosas", sont "habitées par la manie du chiffre ; ce sont des spectacles qui ne peuvent s'interpréter qu'en mémorisant des colonnes de chiffres parfaitement démentes." Ces chorégraphies sont interprétées sur des musiques minimalistes composées par Steve Reich. Elle continuera à chorégraphier autour d’œuvres de Steve Reich, comme pour "Violin Phase", "Drumming", "Rain". Elle synthétise une partie de son rapport à la création en écrivant : "Enlever, soustraire, déblayer, mettre à nu, aller à l'os, décoder l'ADN, chercher la racine - tout ça fait partie de mon lexique et de mon goût le plus profond."
"L'horizontal, le vertical, la marche et le souffle, et puis tourner et sauter, et puis chercher l'envol et défier la gravité" constituent le matériau qu'elle a "tenté de poser jusqu'à présent".
Elle convoque aussi cette idée de Brancusi : "La simplicité n'est pas un but dans l'art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s'approchant du sens réel des choses. La simplicité, c'est la complexité elle-même, et il faut se nourrir de son essence pour connaître sa valeur. La simplicité est la complexité résolue."
Ce texte, édité pour la seconde fois par Actes Sud, a fait l'objet d'une conférence prononcée par Anne Teresa de Keersmaeker au Collège de France le 10 avril 2019.
Un court texte, passionnant, écrit par une chorégraphe admirable.