Chargement...
Chargement...

Van Gogh le suicidé de la société

Auteur : Antonin Artaud

Un coup de coeur de Jérémy Gadras

Entre fulgurance et folie lexicale, à la fois âpre, hypnotisant et sublime, le texte d’Antonin Artaud dévoile toute la poésie magnétique et magnifique des œuvres de Vincent Van Gogh.
“Non, Van Gogh n'était pas fou, mais ses peintures étaient des feux grégeois, des bombes atomiques, [...]”
Si l’on y trouve un plaidoyer pour la mélancolie ou l’état dépressif considérés comme du génie, un pamphlet contre la psychiatrie et les psychiatres, c’est avant tout le cri poétique d’un écrivain supplicié qui transfert dans la lecture des œuvres de Van Gogh sa vision mystique de l’art, sa haine d’une société qui méprise les “aliénés” et qui les “étrangle dans les asiles”. Ainsi, la folie de Van Gogh ne serait que le produit d’une construction sociale, sa marginalité et son génie sa propre condamnation. Artaud y voit dès lors son alter ego, son gémeau -  acteur possible de son “Théâtre de la Cruauté” -, et use de toute sa verve et prose impérieuse pour dépeindre subjectivement toute la beauté de certaines œuvres d’un artiste sacrifié, dont le Champs de blé aux corbeaux.
Paru en décembre 1947, quelques mois avant la mort d’Artaud, ce texte n’a rien perdu de sa fougue et son lyrisme sombre, et se dévoile comme un long poème rythmique motivé par une prose qui rappelle au lecteur les textes écrits à Rodez (les fameux Cahiers d’Ivry bien moins structurés) où l'auteur fut interné et où il subira plusieurs séances d’électrochocs. 
Un bijou littéraire dont on ne se lasse jamais de relire, toujours aussi frappant et envoûtant, il incite tout autant à découvrir les œuvres de Van Gogh qu’il invite à lire les textes et poésies d’Artaud.

“ Ces corbeaux peints deux jours avant sa mort ne lui ont, pas plus que ses autres toiles, ouvert la porte d’une certaine gloire posthume, mais ils ouvrent à la peinture peinte, ou plutôt à la nature non peinte, la porte occulte d’un au-delà possible, d’une réalité permanente possible, à travers la porte par van Gogh ouverte d’un énigmatique et sinistre au delà.”
7,50 €
Chargement...
Livraison à partir de 0,01 €
-5 % Retrait en magasin avec la carte Mollat
en savoir plus

Résumé

Dans ce texte publié en 1947, A. Artaud impute à la société le mal dont a souffert V. Van Gogh et accuse son psychiatre, le docteur P. Gachet, de l'avoir poussé au suicide. Il affirme que la lucidité supérieure, attribut propre de tout artiste, recèle en elle une force contestataire et devient un facteur de marginalisation dans une société qui confond génie et tare psychologique. ©Electre 2025

L'oeil de Van Gogh est d'un grand génie, mais à la façon dont je le vois me disséquer moi-même du fond de la toile où il a surgi, ce n'est plus le génie d'un peintre que je sens en ce moment vivre en lui, mais celui d'un certain philosophe par moi jamais rencontré dans la vie.
Antonin Artaud

Fin janvier 1947, le galeriste Pierre Loeb envoie à son ami Antonin Artaud, écrivain, dessinateur et poète, une page de l'hebdomadaire Arts entièrement consacrée à Vincent Van Gogh, dont une exposition est en cours au Musée de l'Orangerie à Paris. Il y est fait mention de la récente parution d'un volume, Du démon de Van Cogh, aux éditions A.D.I.A. à Nice. Cette publication, « destinée exclusivement au corps médical », comporte une étude conséquente du docteur François-Joachim Beer, dont de longs extraits sont reproduits sur la page du journal. Van Gogh y est notamment décrit comme un « déséquilibré avec excitations violentes à allure maniaque » et inspire en définitive au médecin ce diagnostic : « ce peintre de génie était atteint de psychopathie constitutionnelle dont les épisodes n'ont fait que s'aggraver le long de son existence ». Ayant lui-même été interné durant de nombreuses années, et ce jusqu'en mai 1946, Antonin Artaud décide alors d'écrire à son tour sur le peintre, de réfuter la thèse de sa folie, fruit à ses yeux d'une construction sociale. Le 2 février, il se rend à l'Orangerie et commence peu après à rédiger et à dicter à voix haute le corps central de l'ouvrage. La « lucidité supérieure » propre à l'artiste, et commune à l'auteur et à son sujet, permet à Artaud de faire la part belle à la fougue du génie, force contestataire en soi. L'état de supplicié, Artaud lui-même l'a vécu. Nul mieux que lui ne saurait le transmettre. Et quand le poète aborde la peinture proprement dite, c'est comme s'il s'emparait du pinceau ou, au demeurant, du couteau. Il se fait tranchant, expressif, cinglant. Paru en décembre 1947 chez K éditeur à Paris, l'ouvrage reçoit le mois suivant le Prix Sainte-Beuve. Son auteur s'éteindra peu après, en mars 1948.

Contenus Mollat en relation

Fiche Technique

Paru le : 07/03/2025

Thématique : Histoire de la peinture Monographies de peintres

Auteur(s) : Auteur : Antonin Artaud

Éditeur(s) : Allia

Collection(s) : Petite collection

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 979-10-304-1896-5

EAN13 : 9791030418965

Reliure : Broché

Pages : 79

Hauteur: 17.0 cm / Largeur 11.0 cm


Épaisseur: 0.6 cm

Poids: 82 g