Années 1830. Jürgen Servieix, le neveu de Jeanne, quitte la montagne thiernoise pour tenter de trouver du travail dans la Limagne voisine. Il débarque à Chauriat où il est recruté comme maréchal-ferrant. L'occasion pour lui de découvrir les moeurs d'un village vigneron d'Auvergne et de faire la connaissance d'Eléonore, la petite-fille du député régicide Rudel du Miral. ©Electre 2025

Puis survient le grand moment : le fils Couthon ! (...) « Ces hommes, ces noms qui ont inscrit sur leurs bannières les mots saints d'« Égalité » et de « Fraternité » à côté de la « Liberté »... Parce que des calomniateurs corrompus ont osé blasphémer contre leur mémoire, laisserons-nous toujours outrager ces martyrs du dévouement aux pauvres, ces noms dont l'intégrité était proverbale, ces orateurs dont la parole foudroyait les aristocrates et les tyrans en proclamant que les hommes sont frères et que les différents peuples doivent s'entraider... »

Ni la Révolution de 1789, ni l'empire, n'ont permis aux Servieix de sortir de leur condition de paysans pauvres de la Montagne Thiernoise. Jürgen, le neveu de Jeanne décide de partir chercher du travail dans la Limagne voisine, sans qu'elle ne s'y oppose. Celui-ci débarque à Chauriat, un bourg de la Toscane auvergnate où il est recruté par le maréchal ferrant. L'occasion pour lui de découvrir les moeurs d'un village vigneron d'Auvergne et de faire la connaissance d'Eléonore, la petite fille du député régicide Rudel du Mirai. S'en suit alors une histoire d'amour tumultueuse, tandis que débute « l'automne rouge des vignerons auvergnats », avant goût de la Révolution de 1848 annonciatrice de la Deuxième République.

« Au secours, au feu ! Au feu ! », avait-on entendu crier le jeudi précédent, juste après minuit. Et pour causes, les jeunes s'étaient permis d'allumer un fagot sous les fenêtres du garde champêtre pour rendre plus vraisemblables leurs appels au secours. (...) Et, comme prévu, son bonnet de nuit sur la tête, Victor Chalard avait ouvert ses volets au premier étage et s'était penché à sa fenêtre en s'exclamant : « Le feu ? Où ça ? C'est chez moi ? » A peine eut-il eu le temps de pointer sa tête ensommeillée qu'il s'était fait copieusement débarbouiller par un « penaillou » méticuleusement imbibé de suie et de purin.

Originaire d'une famille de la montagne thiernoise située dans le département du Puy-de-Dôme, Jean-Paul So-zedde est né dans la Limagne voisine. Maire de Chauriat (63) au début des années 90, il connaît parfaitement sa petite cité dont il a fait le théâtre de ce livre.

« Eléonore, l'automne rouge des vignerons auvergnats » constitue le quatrième épisode de l'histoire de la famille Servieix. Après « Jeanne, une bergère auvergnate dans la Révolution », « Adélaïde et les chouans auvergnats » et « Emma ou l'honneur du grognard auvergnat », l'auteur nous transporte dans les années 1830, en une époque où rougeoient encore les cendres de la Révolution. A preuve cet « automne rouge des vignerons », épisode historique authentique, maté dans le sang, qui enflammera la capitale auvergnate, préfigurant la révolution de 1848 et l'avènement de la II^e République.

Dans ce livre, comme dans les trois autres récits de cette saga, l'auteur rend hommage à ces oubliés de l'histoire que sont les femmes et les paysans pauvres, en prenant soin de manier avec subtilité faits historiques et intrigues romanesque.

La lignée des Servieix a traversé la fin du XVIII^e siècle et le début du XIX^e confinée dans la Montagne Thiemoise. Oubliés les velléités révolutionnaires de Jeanne ou l'enthousiasme de son jeune frère pour le général Bonaparte qui le conduira jusqu'en Prusse où il sauvera d'un viol collectif, Emma, la mère de Jürgen, le héros de ce quatrième épisode. Devenu adulte, celui-ci ne se voit qu'un seul destin : quitter la cassine familiale et retrouver sa mère.

Ce qui le conduit, chez un maréchal ferrant demeurant à Chauriat, près de Clermont-Ferrand, où réside l'un des fils de Rudel du Mirai qui au plus fort de la Révolution a voté l'exécution du roi. Mais depuis, la famille s'est embourgeoisée. Aussi, lorsque Eléonore, la petite fille du révolutionnaire, s'éprend de Jürgen, se produit un choc social entre paysan et notable. Et cela, alors que souffle derrière le vigneron Maradeix, maire de Beaumont, et ses banquets républicains, un vent de révolte que le pouvoir ne tarde pas à réprimer.

A travers ce livre, Jean-Paul Sozedde prend un malin plaisir à nous conter avec truculence les us et coutumes d'un village vigneron de la Toscane auvergnate au XIX^e siècle.