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Autorité : essais sur le fait d'avoir raison

Auteur : Andrea Long Chu


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Résumé

Cette anthologie réunit des essais autobiographiques et deux enquêtes explorant l’évolution de la critique, de l’époque des Lumières aux réseaux sociaux. À travers divers médias, l'auteure propose une réflexion sur les pratiques critiques contemporaines et leurs enjeux. ©Electre 2025

Autorité

Maggie Nelson, The Last of Us, Bret Easton Ellis, Yellowjackets ou Le Fantôme de l'Opéra : Autorité regroupe les chroniques les plus mémorables d'Andrea Long Chu, enrichies de sa tétralogie d'essais autobiographiques cultes et de deux enquêtes iconoclastes sur la figure du critique au travers des âges.

Terriblement spirituelle et d'une intuition polémique hors pair, la Pulitzer de la critique 2023 y brave l'interdiction de mêler art et politique, brossant une contre-histoire de la discipline depuis sa création par les Lumières jusqu'à l'ère des réseaux sociaux.

Une anthologie provocante sur l'une des questions les plus impérieuses de notre époque : qu'advient-il de l'autorité quand tout le monde a déjà un avis sur tout ?

Si la critique est réellement un art, alors c'est le plus bas et le plus concret de tous les arts. J'ai personnellement tendance à y voir l'un des plus hauts artisanats. Il s'agit, peut-être, d'une forme plus noble de ce que Matthew Arnold appelait « les compagnons de la littérature » - dictionnaires, traductions, et caetera. La critique peut être belle ; elle doit être fonctionnelle. « Elle est capable de parler tandis que les arts sont muets », écrivait Northrop Frye, qui excellait d'ailleurs dans l'art de la comparaison. « La critique doit poser en principe, non pas que le poète ne sait pas de quoi il parle, mais qu'il lui est impossible de parler de ce qu'il connaît. » Voilà pourquoi, si je dois choisir entre l'art de gauche et la critique de gauche, je choisis toujours la seconde. On se souvient de ce que Baldwin disait du roman social : que « le seul fait de lire un tel livre nous gratifie d'un très net frisson de vertu ». Le problème de beaucoup d'oeuvres d'art « politiques » (quoique pas de toutes), c'est que l'artiste fait souvent trop d'efforts pour devenir son propre critique, prémâchant le travail pour que nous n'ayons qu'à avaler. Remplaçons-le par cette nouvelle devise : l'art pour l'art, et la critique pour tout ce qui reste. Elle me semble tout à fait honnête. Je ne demande pas que nous repoussions la critique vers les marges au nom du respect de la vaste liberté naturelle de l'artiste. Je dis seulement que l'autonomie de l'art, comme convention sociale, dépend nécessairement de la responsabilité du critique vis-à-vis du monde extérieur. L'art n'a pas besoin de vouloir dire quelque chose en soi - mais c'est seulement parce que la critique oeuvre à ce qu'il veuille dire quelque chose pour nous.

Voici la tâche suprême de la critique : restaurer la sagesse originelle des oeuvres d'art. L'artiste crée en enlevant quelque chose du monde ; le travail du critique, c'est de l'y remettre. Je parle de la différence entre l'histoire et l'éternité, le travail et le loisir, la valeur d'échange et d'usage. L'artiste est libre de monter aux septièmes cieux de l'invention s'il le souhaite - à charge pour le critique de le faire redescendre sur terre. Ça signifie qu'on ne peut pas distinguer les bons critiques des mauvais en se basant sur la propreté de leurs ongles : ils sont tous dans la boue, jusqu'au dernier. Le vrai bon critique doit, je crois, connaître la différence entre une crise existentielle, dont les caractéristiques peuvent s'intervertir librement sans conséquence notable sur l'ensemble, et un évènement historique réel, dont le sens émerge de la particularité granuleuse de ses éléments. Ce n'est possible qu'en pratique, et jamais de manière purement théorique.

Car qui peut dire que le critique a raison ? Tous les autres, bien sûr. La seule mesure du jugement, c'est davantage de jugement : voilà ce que signifie le fait d'essayer de vivre avec d'autres êtres humains. C'est à eux - tous autant qu'ils sont - que la critique doit allégeance, et non à l'art, à l'État ou à la totalité abstraite du Corps social. Et, parfois, c'est au bout du monde que son coeur se trouve.

Fiche Technique

Paru le : 27/08/2025

Thématique : Essais et théories - Dictionnaire

Auteur(s) : Auteur : Andrea Long Chu

Éditeur(s) : Pauvert

Collection(s) : Domaine étranger

Contributeur(s) : Traducteur : Louise Mulheim

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-213-73161-2

EAN13 : 9782213731612

Reliure : Broché

Pages : 348

Hauteur: 24.0 cm / Largeur 16.0 cm


Épaisseur: 2.9 cm

Poids: 550 g