Un essai beau, salutaire, qui éveille et invite à se souvenir, à commémorer, à continuer de (se) raconter, pour une persistance du sensible et le renouvellement de notre attachement a l’humain, au commun.
L’idée plus souvent partagée que l’on se fait de la résistance est dans l’action, la protestation, la théorisation : ici, Chowra Makaremi insiste sur la force des émotions, les colères, les pertes, les attachements, à constituer pleinement une force de résistance. Ainsi, résister, ce n’est plus seulement se battre, mais continuer d’aimer, de se souvenir, de pleurer ce qui est perdu : le champ de l’intime est un champ de bataille,qui s’engage dans l’affect, dans les corps, dans notre capacité commune à ressentir et éprouver face aux politiques de la cruauté.
Aux détours de la philosophie et de l’histoire, Makaremi rend ainsi hommage aux formes de résistances contemporaines à travers le monde et montre comme les blessures sensibles peuvent nous mobiliser face à des régimes de violence et de répression. À la dévastation de l’intime, l’affect devient par ses mots une stratégie de résistance : le fragile, les vulnérabilités, sont de puissants levers d’action face à l’austérité, la silenciation, la domination.