Ultima

Pour son grand retour au polar, Ingrid Astier croise de nouveau la route de Rémi, le flic plongeur de la brigade fluviale de Paris qu’elle avait mis en scène dans son tout premier roman noir, “Quai des enfers”, paru il y a tout juste quinze ans dans la même collection (désormais disponible chez Folio policiers) et qui était déjà un coup de cœur de vos libraires.

Quelques années ont passé, Rémi est une figure de l’anti-gang (dite la BRI), devenant un remarquable T. H. P., tireur de haute précision, qui va être rappelé par son ancien patron pour protéger Richard Shönberg, magnat des médias qui reçoit depuis quelque temps des menaces de mort. D’ailleurs, lors d’une de ses fêtes grandioses données lors du dernier réveillon de Noël, ce dernier échappe de peu à un assassinat public, et un député qui se trouvait en sa compagnie est abattu à sa place. L’homme d’affaires sans foi ni loi demande alors à engager Rémi, sniper hors pair, pour devenir son garde du corps privé capable de le protéger grâce à son imparable Ultima : 


“Cette arme et lui étaient inséparables. Un homme et un loup qui se seraient apprivoisés. (...) L’Ultima n’était pas un jouet. Mais l’arme la plus précise sur terre. Faites non pour gagner le gros lot à la fête foraine mais pour envoyer ad patres celui qui défiait la loi. Sa précision ? Un as de pique en plein cœur à cent mètres.”


Rémi le flic intègre et taiseux face à Richard Shönberg, l'homme public puissant et arrogant, ce sont deux mondes inconnus qui se rencontrent et vont devoir s’allier pour contrer le danger qui rôde. La revendication ne tarde pas à tomber : elle a pour signature UniKorn, une milice de l’ombre qui compte dans ses rangs Hermès, Hadès et Athéna, trio anonyme de résistants “hacktivistes” prêts à tout pour faire payer le capitalisme vicié de personnalités comme Shönberg. 

Lire un roman d’Ingrid Astier, c'est la promesse d’une immersion dans une intrigue gourmande en rebondissements et en documentation sur l’anthropologie légale, ou sur l’intelligence artificielle et ses possibles dérives. L’auteur est capable d’écrire tant des scènes d’action stylisées et percutantes que de nous surprendre par sa délicatesse, en convoquant l’art de la cuisine ou la poésie d’un repas partagé, mais aussi les sentiments quand elle suggère une histoire d’amour naissante qui contrebalance l’adrénaline de ce polar atypique et foisonnant.