Habiter le décor : peinture murale et architecture domestique en Italie centrale (fin Ier-fin IIIe s. p.C.)

Une étude sur la peinture murale en Italie entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. par le prisme du décor domestique. Avec le développement de l'habitat collectif, l'auteure replace les évolutions stylistiques dans le contexte des maisons et des appartements, pour comprendre comment la peinture structure l'espace domestique et comment ce rôle fait évoluer ses formes. ©Electre 2025

Dans l'histoire de la peinture murale romaine en Italie, la riche documentation campanienne, antérieure à l'éruption du Vésuve, a longtemps retenu l'attention des chercheurs, au détriment de la période comprise entre la fin du I^er et la fin du III^e siècle. Nous avons choisi de nous intéresser à cette dernière, en l'abordant par le prisme du décor domestique. À une période de forte transformation de l'habitat, en particulier en Italie centrale qui voit le développement de l'habitat collectif, il s'agit de replacer les évolutions stylistiques dans le contexte des maisons et des appartements, pour comprendre comment la peinture, associée aux autres types de décor, structure l'espace domestique tout au long de la période et comment, en retour, ce rôle fait évoluer ses formes. Pour répondre à ces questions, nous avons centré cette recherche sur l'Italie centrale, qui offre de nombreux contextes aux plans, aux élévations et aux programmes décoratifs bien conservés. Leur analyse permet de mettre en évidence un tournant important dans la production picturale à la fin du I^er siècle, suivi d'une période de forte stabilité du répertoire. La diversité socio-économique des contextes étudiés permet par ailleurs de saisir les stratégies décoratives des différentes couches de la société et les réponses apportées par les artisans en fonction des commanditaires. L'étude globale de l'architecture et du décor nous donne enfin les moyens de saisir finement les modes d'habiter de l'époque, c'est-à-dire la manière dont est conçu, organisé, occupé l'espace domestique. Ainsi, en replaçant les peintures dans leur contexte, nous espérons leur avoir redonné toutes leurs dimensions, celles d'objets vivants, qui participaient du quotidien de toute une société.

Researchers working on Roman wall painting in Italy have long focused on the rich Campanian documentation, prior to the eruption of Vesuvius, to the detriment of the period between the late 1st and late 3rd centuries. We have chosen to study the latter period, through the prism of household decoration. We seek to resituate stylistic developments in the context of houses and apartments at a time when housing was undergoing a major transformation, particularly in central Italy with the development of collective housing. The aim is to understand how painting, combined with other types of decoration, structured household space throughout the period and how, in return, this role brought about formal developments. To answer these questions, we have focused our research on central Italy, which offers numerous contexts with well-preserved plans, elevations and decorative schemes. Analysis of these contexts reveals a major turning point in pictorial production at the end of the 1st century, followed by a period of considerable stability in the repertoire. The socio-economic diversity of the contexts studied also makes it possible to understand the decorative strategies of the different social classes and the responses of craftsmen for their different patrons. Last but not least, a comprehensive study of architecture and decoration enables us to gain a detailed understanding of the way people lived at the time, i.e. the way in which household space was designed, arranged and occupied. By placing the paintings in their context, we hope to have restored to them their full scope as living objects, part of the everyday life of an entire society.