Un coup de coeur de Mollat
Copenhague, avril 1940. Comme partout dans le monde, la guerre fait rage et les Allemands envahissent les lieux. Dès les premiers jours d'occupation, une forte dissension s'installe au sein de la famille de Bamse Skovlund, dix ans et demi. Alors que son père prône l'attentisme et la discrétion en attendant le départ - rapide, naturellement - des troupes nazies, son frère s'insurge contre une telle invasion et entre immédiatement dans la résistance. Quant à la mère, personnage fantasque, reine des plus grands théâtre de la ville, perpétuellement en train de jouer la comédie, même dans les moments les plus critiques, difficile de dire où elle se situe exactement.
Au milieu, Bamse oscille entre la nécessité d'obéir à son père (attendre) et l'envie de devenir un aventurier comme son frère (agir). Après tout, lui et son ami Anton Beilin ont toujours été très courageux et la perspective de tirer la langue aux officiers nazis ne leur fait pas peur...
Pourtant, lorsque la persécution contre les Juifs s'intensifie, Bamse comprend que le sécurité d'Anton n'est plus assurée et que malgré tout ce que lui a toujours enseigné sa mère, on ne peut pas toujours se jouer de la vie. Où plutôt qu'elle peut parfois ressembler à un drame très sombre...
A partir de là, Bamse, comme tout le reste de sa famille, refuse de devenir le canari d'Hitler, condamné à chanter à la glore du nazisme, enfermé dans son propre pays comme un oiseau en cage.
Le canari d'Hitler est un vibrant hommage à la résistance danoise qui, il faut le dire, est très méconnue en France. On oublie trop souvent que même si ces pays n'ont pas payé un aussi lourd tribut en terme de morts et de destructions matérielles, ils ont été occupés pendant de très longs mois et surtout, les Juifs danois n'ont pas non plus été épargnés par les rafles.
Toute la sensibilité du roman repose sur les les interrogations de chacun et leur personnalité hors du commun. En dehors des deux garçons, chaque membre de la famille est extrêmement bien dépeint avec ses peurs et ses contradictions. La mère, toute en tirades, vers et alexandrins, est attachante, oscillant entre futilité et profonde intelligence.
C'est tout le bonheur de cette famille unie qui donne une tonalité particulière à ce roman. Même si nous sommes dans un récit de guerre où règnent rafles, dénonciations et fusillades, l'élégance des répliques, la joie des protagonistes et la naïveté des deux enfants donnent un ton amusant et léger à ce récit dont on ressort tout ému.