Quatrième de couverture
Jacques Roumain et Haïti :
La mission du poète dans la cité
Qui sont poètes et quelle est leur mission ? Ce sont des chevaliers de la plume, mais surtout de véritables guerriers et d'irréductibles intercepteurs, placés en faction pour faire le guet contre les détracteurs et les ennemis de la cité. Fidèles à leur devoir envers la collectivité, ils se perçoivent et s'érigent, comme Jacques Roumain, en symboles ascensionnels sur tous les plans, physique, intellectuel et moral. Ces poètes, par la mission qu'ils remplissent, indiquent un choix supérieur qui transcende tout. Ils se distinguent en véritables dépositaires, en gardiens investis des trésors culturels de la cité, en agents qui détiennent et exercent le pouvoir du savoir pour préserver et protéger la véracité de l'histoire, éclairer les défis du statu quo et tracer les voies du devenir.
Jacques Roumain, par La proie et l'ombre (1930), Les Fantoches (1931), La Montagne ensorcelée (1931), Analyse schématique 32-34 (1934), Griefs de l'homme noir (1939), Contribution à l'ethnobotanique des grandes Antilles (1942), À propos de la campagne antisuperstitieuse (1942), Le sacrifice du tambour assôtôr (1943), Gouverneurs de la rosée (1944) et Bois d'ébène (1945), n'a fait que prouver son exaltante dévotion à l'endroit de la cité : l'île tragique d'Haïti.
Loin du bonheur de l'apathie, son oeuvre manifeste cette grande fidélité et cet attachement viscéral à son peuple et aux peuples du monde, cette indéfectible confiance dans l'édification d'un avenir collectif, une plaidoirie pour une répartition égalitaire de notre société qu'il ne voulait plus expliquer, mais plutôt changer, la transformer pour parvenir à cette nouvelle étape de l'histoire qui ferait tomber tous les carcans, inventer la cité nouvelle où tous les damnés de la terre, libérés et réhabilités, trouveraient leur place dans une véritable humanité, chaleureuse et fraternelle.
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