L'auteure se propose d'étudier à travers quatre écrivains et poètes, K. Mansfield, C. Pozzi, A. Kavan et D. Barnes, les qualités de cette prose poétique dont elle montre comment elle se fonde sur réminiscence et imagination et échappe à toute forme de fixité, établissant un art de la mémoire. ©Electre 2024

«Si, dans le précédent ouvrage, Poésie, mobilité de l'esprit, je me suis intéressée aux images (portes, passages, seuils, monde des ombres, visages de l'Autre et toute forme d'au-delà du visible) qui révèlent cette incessante quête que l'esprit accomplit de ses fondements et de son inquiétude, je me propose ici d'envisager quelle peut être la source de ces images, entre mémoire et songe. Et nous verrons que, finalement, ce fondement n'est qu'un mouvement. Ce qui m'était apparu à l'étude de diverses oeuvres poétiques s'est confirmé un peu plus encore à l'étude de ces oeuvres en prose que j'ai choisies d'abord pour leur caractère poétique et onirique en me disant que là primait, comme en poésie, la parole pour elle-même, indépendamment de l'intrigue, c'est pourquoi je parlerai de prose en métamorphose, intégrant en son rythme le mouvement de l'esprit, la qualité de révélation du songe et puisant l'invisible au mystère de la mémoire.»

L'auteur de cet ouvrage se propose ici d'étudier, à travers quatre écrivains et poètes, Katherine Mansfield, Catherine Pozzi, Anna Kavan et Djuna Barnes, les qualités de cette prose poétique dont elle montre comme elle se fonde sur réminiscence et imagination et échappe à toute forme de fixité, s'appuyant sur ce que Proust désigne comme «cette loi de la vie qui est de recréer l'universel ou éternel, mais seulement dans des individus» et établissant un art de la mémoire comparable à celui qu'élabora Giordano Bruno. Comme chez De Quincey et chez Walter Pater, mémoire et imagination se mêlent en la genèse de la personne, les objets et les instants s'inscrivant au fil du temps sur son esprit palimpseste. Le mouvement de l'esprit ne se borne toutefois pas à celui de la réminiscence, le récit établissant un lien au monde et à autrui en sa propre dimension temporelle, recréation, au présent, de l'unité de l'être, le sentiment parvenant, de façon semblable à ce que décrit Spinoza, à la conscience claire.%br%

Couverture: OEil de nuit. Huile sur toile d'Anne Mounic.%br%