Un coup de coeur de Mollat
Aujourd'hui, il faudra aussi compter sur Palladium, un premier roman paru aux éditions Stock écrit par Boris Razon. Son sujet : la brusque descente aux enfers d'un homme qui se retrouve paralysé en quelques jours et les six mois qu'il passe sur son lit d'hôpital, en proie à de nombreuses hallucinations. Que Palladium soit en partie autobiographique importe peu finalement, ce que l'on retient plutôt est sa grande richesse narrative. Les cent premières pages se lisent comme un compte à rebours implacable, où la maladie s'immisce petit à petit dans le corps de notre héros -un journaliste issu d'un milieu bourgeois, un peu hypocondriaque, mais plutôt heureux de vivre. Viennent ensuite l'hospitalisation, et la métamorphose du corps paralysé : « Immobile, imperturbable, impénétrable, derrière mes yeux paralysés, j'étais devenu le sphinx. » Boris Razon nous emmène avec lui dans un voyage étonnant où l'on croise pirates, prostituées japonaises, et personnel infirmier, le tout au rythme d'un respirateur capricieux qui laisse notre héros toujours au bord de l'étouffement. Entre récit épique et aventures cauchemardesques, le texte se lit d'une traite, et nous fait passer par toutes sortes d'émotions – de la compassion à l'angoisse, de la stupéfaction au fou rire. Belle surprise de cette rentrée littéraire, sachez que Palladium est aussi pressenti pour Prix Goncourt -certains à la librairie sont intimement persuadés qu'il le remportera. Un conseil : ne passez surtout pas à côté de ce très grand livre!