Un coup de coeur de Mollat
Prenant acte de la fin d'un système fondé sur le consumérisme et les jeux de tensions entre producteur et consommateur, Bernard Stiegler et ses coauteurs, Alain Giffard et Christian Fauré, envisagent un nouveau modèle fondé, non plus sur la consommation, mais sur la contribution, à l'image de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, des blogs participatifs, des projets culturels mutualisés ou du développement informatique des logiciels libres.
Au-delà d'une refonte idéaliste de l'esprit de l'échange culturel, Ars Industrialis propose une critique sévère des usages contemporains de la culture et des politiques qui les encadrent. Notant ici un appauvrissement de la production télévisuelle à des fins mercantiles tel que le système finit par s'étouffer lui-même ; là une « corporatisation » de acteurs culturels qui, aux dires de Bernard Stigler, s'isolent chaque jour un peu plus du tissu citoyen auquel ils sont supposés s'adresser ; notant encore la méconnaissance des réseaux modernes, de leur puissance et des promesses d'évolutions qu'ils renferment dont font preuve la plupart des décideurs culturels, Ars Industrialis se pose en force de proposition.
Avec véhémence souvent, dureté parfois, mais toujours à propos, les auteurs ainsi que les membres d'Ars Industrialis veulent agir afin que soit mise en place une politique culturelle européenne qui prenne en compte ce nouveau modèle contributif, offre de réelles solutions de formation à l'usage des technologies et développent un avenir voulu et non subi . Ils proposent un projet, certes radical, mais qui offre aux décideurs un point de vue inhabituel sur les questions visant l'économie des nouveaux médias, à mi-chemin entre le cynisme conquérant des marchands du temple et l'idéalisme des militants. C'est là le mérite essentiel de ce livre : ouvrir une page blanche, y noter quelques idées et ouvrir le débat.
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