La gravité des pathologies, la confrontation trop massive à l'échec professionnel, constituent une dimension préoccupante du travail des soignants, aussi bien dans le secteur sanitaire que dans le domaine médical-social, à l'hôpital comme dans les institutions et services. Recherches, enquêtes, témoignages, propositions pour une prévention de l'épuisement professionnel des personnels soignants. ©Electre 2024

Nos sociétés s'ouvrent de plus en plus aux notions d'égalisation des chances, de qualité de vie et de gestion participative. Pour les personnes handicapées, ces divers mouvements d'idées revêtent à l'évidence une importance toute particulière. Comment concilier une telle éthique et les contraintes économiques de notre temps? En effet, à l'heure de la réduction du temps de travail, des programmes d'éducation et de soins à flux tendu, l'épuisement professionnel et la rotation accélérée des intervenants, soulèvent des inquiétudes grandissantes chez les responsables d'institutions sanitaires et médico-sociales. Le coût humain et économique de l'épuisement professionnel des accompagnants est déjà considérable. Mais il apparaît de plus en plus clairement que, le sens des actions entreprises, la motivation du personnel et le plaisir éprouvé à accomplir sa tâche, constituent les conditions mêmes de l'efficacité du travail d'accompagnement dans les institutions et services et de la qualité de vie des personnes accompagnées. Dit autrement, la «bientraitance» des intervenants conditionne en grande partie celle des personnes concernées.

De nombreux acteurs de terrain, exerçant dans le cadre de la déficience intellectuelle avec des références théoriques très diverses et sur trois continents différents, sont venus à l'Unesco, au VIIIème Congrès de l'AIRHM, en Avril 2002, confronter leurs expériences sur le thème de la prévention de l'usure professionnelle. Que l'on insiste sur les «procédures» qui organisent l'action des accompagnants, ou que l'on s'attache à dégager le «sens» de cette action, comme le promeut la tradition de la psychothérapie institutionnelle, on perçoit bien la complémentarité de ces perspectives. Il se trouve qu'elles convergent de façon impressionnante et que tous les auteurs s'unissent pour délivrer aux Associations et aux Pouvoirs publics un message de grande actualité en cette «année européenne du handicap». Le voici en deux phrases. L'éthique de la prise en charge des personnes handicapées en général, et de celles qui souffrent de déficience intellectuelle en particulier, requiert la reconnaissance de la valeur du travail de celles et ceux qui assurent leur accompagnement, ainsi que les soins nécessaires. La prévention raisonnée de leur épuisement professionnel et de leur turn over excessif est le gage de la qualité de vie des personnes handicapées.