Un coup de coeur de Mollat
La Normandie. Une ambiance de vacances pour cette famille qui passe tous ses étés à « La Téméraire », une villa en bord de mer.
L'atmosphère légère ne parvient néanmoins pas à cacher la difficile réalité du couple. Pour cette maison, ils ont emprunté pour dix ans. Deux mois de sable et de soleil pour échapper à la morosité de la banlieue, pour l'épanouissement des « filles » - des sœurs jumelles - et pour continuer à vivre et être heureux. Le couple s'essouffle et le père de famille, qui est aussi le narrateur de ce roman, souffre de morosité, d'une profonde mélancolie.
Au hasard de son errance dans le village, ce père croise Alice, une vieille dame. De cette rencontre va naître une relation bien peu banale. Le contact s'établit difficilement. Il y a une grande sincérité dans le regard de la vieille dame qui n'a plus envie de perdre son temps avec des rapports édulcorés et faux. Elle incite alors l'homme à jouer « carte sur table », à dévoiler sans fard ses états d'âme.
Les deux personnages sont amenés à confronter leurs existences, o combien différentes ! Alice revient sur son enfance, époque on ne peut plus mythique, puisque la jeune fille qu'elle était a côtoyé la figure d'André Breton. Peu avant la deuxième guerre mondiale, elle a suivi son père ainsi que bon nombre de surréalistes pour un voyage en Amérique à la rencontre des Indiens hopi d'Arizona.
Cette confrontation à l'Histoire et à l'autre plus généralement va plonger le narrateur dans une introspection et l'amener à retrouver peu à peu ses marques.
Subtile réflexion sur les relations humaines, hommage à la figure d'André Breton, « Dans l'or du temps » procure un réel dépaysement. Il fait partie des vrais bons romans qui fleurent bon les vacances…