Etude sur la perdurance du narguilé qui montre que les pratiques observées sont alimentées par une représentation collective quadruple : aspect socio-culturel, convivialité spécifique, histoire, pharmacologie. Elle présente l'objet et son contexte général d'usage, traite de la place de l'objet et des utilisateurs dans la culture environnante, observant sur le terrain. ©Electre 2024

Contre toute attente, la pratique du narguilé s'est littéralement «mondialisée» depuis une décennie. L'auteur en analyse les raisons en portant ici son attention sur l'usage principal et majoritaire de cet intriguant objet dans le monde contemporain ; à savoir, celui de produits à base de tabac (tabamel) voire sans tabac. La perdurance de cette pratique sociale s'est longtemps nourrie de représentations positives et collectives à son sujet.

Elles touchent tant à son luxuriant contexte socioculturel, sa convivialité singulière, ses origines mystérieuses qu'à ses rapports devenus tendus avec la santé publique.

Si l'usage du narguilé est avant tout un geste qui, en soi, intéresse l'anthropologie, le principe original de filtration de la fumée dans l'eau, censé éliminer un certain nombre d'éléments nocifs, n'est pas sans conséquences sur les attitudes et comportements et, par-là, sur les façons de fumer et les choix en la matière. À cette représentation tabacologique positive, s'ajoute le fait, social, que ce sont aujourd'hui des millions de femmes et d'hommes qui fument quotidiennement le narguilé, parfois des heures durant. Une situation ludique, impliquant un temps long et une parole libérée, crée une convivialité qui se distingue nettement de celle du thé, du café ou encore d'autres modes d'usage du tabac. Elle est ici analysée dans ses divers contextes socioculturels. Cet ouvrage aborde également les conséquences sur la santé d'une telle pratique, fournit des indications sur les risques réels, des conseils pertinents et une bibliographie critique.

Chercheur en socio-anthropologie et tabacologie (DIU Paris 1998), l'auteur mène depuis une dizaine d'années des travaux sur le narguilé et ses usages à travers le monde. Sa réflexion précoce sur un fait social aussi complexe conjugue, dans une approche transdisciplinaire, des apports aussi variés que ceux de la sociologie, de l'anthropologie, de l'histoire et de la tabacologie. Depuis quelques années, c'est dans le cadre de cette dernière discipline qu'il focalise son attention en raison du fait que la pratique du narguilé est désormais qualifiée d'«épidémie». Méticuleusement, il a procédé à la critique méthodologique des rapports d'experts internationaux, y compris le premier jamais publié par l'OMS, et rédigé plusieurs mises au point à ce sujet.