Un plaidoyer pour un enseignement rénové du français à l'école, par un professeur de l'Ecole normale d'instituteurs de Toulouse, agrégée de grammaire. Contre une norme trop rigide et pour une méthode d'apprentissage originale, illustrée par de nombreux exemples sur le terrain. ©Electre 2025

Le français...

Une langue que ceux-ci veulent pure, respectée, lavée des souillures des patois, des dialectes et autres jargons. Que ceux-là veulent normalisée par un "bon usage", régentée par de bons auteurs et toujours correcte...

Une langue qui s'enseigne à distance prudente des pratiques sociales de la communication d'aujourd'hui : télévision, publicité, journaux, bandes dessinées ou chansons. Un enseignement qui a souvent le goût de l'aseptisé...

Anachronisme, aberration, dit Eveline Charmeux. Pour remettre en question nos idées reçues sur notre langue et son enseignement. L'enjeu de Le "BON" Français et les autres est de taille : la liberté de parole pour tous. Car actualiser les conceptions du langage (oral, écrit) et de son apprentissage, comprendre comment fonctionne la communication à l'intérieur même de la vie sociale, c'est donner la parole à tous. C'est refuser de subir le jeu des médias, analyser l'ensemble des discours, même politiques. C'est encore donner l'accès de tous à la littérature encore confinée dans des exercices désuets...

La langue française a ses contraintes : nous sommes mal jugés ou mal compris si nous les ignorons. Elle a ses jeux : ils permettent le rire ou le rêve à notre volonté. C'est entre cette norme et ce plaisir, ce code, commun, et cette liberté, possible, que le français vit, évolue. C'est dans ce double mouvement, exigeant et dynamique, que l'école doit modifier l'enseignement de notre langue.

Les exemples de travaux multiples, recueillis par Eveline Charmeux dans des classes d'origines diverses, montrent que des enseignants opèrent déjà ce changement. Ils permettent aussi aux parents de saisir que ce qui se joue à l'école aujourd'hui est de première importance. Car l'échec scolaire en français, et donc ailleurs, est dû à la fixation de l'enseignement sur une norme unique, ce que l'on appelle le "BON" Français...