Raconte son expérience de déporté pendant la Seconde Guerre mondiale. Après l'annexion en 1940 du nord de la Transylvanie (Roumanie) par la Hongrie les juifs de cette région sont déportés. Y. Feldman fait le récit de la douleur et de la souffrance, de l'attente et l'humiliation. ©Electre 2025

Ma veste portait le numéro 35806. J'étais devenu ce matricule. Rien d'autre. Je ne faisais que pleurer. Je ne savais plus raisonner. Par compassion, deux garçons de mon âge, des juifs polonais, sont venus vers moi.

- Reds di yiddish? (parles-tu yiddish)

Je leur répondis en yiddish

- Qu'est ce qui nous arrive?

- Il nous arrive ce qui nous arrive et tu n'a aucune chance de survivre longtemps si tu continues à chialer comme cela.

(extrait)

On tombe parfois sur des objets étonnants, comme ces timbres de bienfaisance vendus à la fin de la guerre en Transylvanie du Nord avec la légende "au profit des déportés" et le nom de la ville, Satu-Mare (Szatmar). Une campagne de charité, en Roumanie, pour aider les juifs!

Ce fait unique mérite qu'on s'y attarde. Petit rappel historique: la Transylvanie du Nord, province frontalière disputée entre la Roumanie et la Hongrie fut annexée par cette dernière en septembre 1940, ce qui scella le destin des deux cent mille juifs qui s'y trouvaient. Comme dans le reste de la Hongrie, ils furent massacrés par les "croix fléchées" hongroises; les survivants furent regroupés dans des ghettos et déportés en quasi totalité à Auschwitz entre mai et juin 1944.

Ces timbres sont rares, et cette manne devrait inciter les fonctionnaires municipaux à mieux explorer leurs rayonnages. Pourtant, nul ne le fait. A vrai dire, qui, en Transylvanie du Nord, a envie de se replonger dans le passé? Extrait d'un article "Bienfaisance roumaine" de Claude Wainstain dans L'Arche.