Un coup de coeur de Mollat
Bien plus qu'un problème de terminologie ou de définitions, le propos du philosophe est de rendre compte d'une mutation radicale des rapport à la morale, au droit et au politique au sein de nos cités. Cette mutation illustrée par l'ancrage des Etats dans la violence, se fonde sur un renversement du rapport à la mort. En effet, la caractéristique des conflits contemporains, précisément décrits par l'auteur, réside dans le fait que la mort ne s'y échange plus ; que ce soit au travers du terrorisme, des guerres dites "technologiques" ou bien encore dans l'action des bandes armées, elle devient unilatérale. La mort "se distribue, se sème, se calcule. La fin de l'échange aujourd'hui entraîne non pas le retour de l'archaïque mais plutôt une restructuration du rapport à la mort, de son accueil. Elle devient autre chose ; un risque professionnel, une équation mathématique, une condition d'être, une apothéose médiatique."
On comprend alors à quel point la question est grave : c'est en effet toute la stucture éthique, politique et juridique qui donnait à la guerre un certain cadre rationnel qui explose. Par là-même, la notion de paix se voit quelque peu ébranlée... Car la paix, jusque là horizon de la guerre semble laisser place à une aspiration d'un tout autre ordre faisant émerger le régne de la sécurité.