Un coup de coeur de Mollat
Revenons un moment sur les motivations qui ont amené Clément Rosset à faire une telle satire. En 1968 alors que Clémént Rosset débute son enseignement à l'Université de Nice, il propose un travail de dissertation à ses étudiants sur le thême du scepticisme. Il constate lors de la correction des copies que toutes condamnent le scepticisme pour faute morale ! " Le scepticisme était une doctrine philosophique égoïste, mesquine et bassement matérialiste_ et que, pour toutes ces raisons, il convenait de rejeter." Clémént Rosset se lança alors dans un brève enquête : la similitude des copies tenait à l'usage que faisaient les étudiants des manuels en vigueur, en particulier le célèbre Manuel de philosophie d'Armand Cuvillier, dont les étudiants s'étaient largement inspirés pour condamner l'immoralité du scepticisme.
A la suite de cette enquête et après avoir constaté la médiocrité et surtout la malhonnêteté intellectuelle de cette littérature, Clément Rosset décide avec son collègue niçois François Ribes de rédiger son propre manuel. Et ce fut le Précis de philosophie moderne publié en 1968 aux éditions Robert Laffont sous le pseudonyme de Roboald Marcas.
Mais l'histoire de ce Précis ne s'arrête pas là. Les éditions Robert Laffont furent contactées cette année là par le Ministère de l'Education d'un pays d'Afrique pour faire l'acquisition d'une quantité importante de manuels de philosophie. "Constatant que restaient en stock plusieurs centaines d'exemplaires du Précis, les éditions Robert Laffont décidèrent de les vendre à ce Ministère (...) Ce n'est que bien plus tard que Clément Rosset lui-même eu vent de la transaction, et il ne sut jamais quel pays d'Afrique avait été le victime de sa supercherie."
Ce n'est pas le dernier rebondissement de l'aventure de ce Précis puisque les éditions Presses Universitaires de France ont décidé de le réédité ! A suivre...