Un coup de coeur de Mollat
Il veut se souvenir des sentiers bordés de figuiers de barbarie, des passages qui mènent aux puits, des chemins que l'on foulait depuis des générations.
De son écriture parfumée de miel et d'aloès, il remonte le temps pour survivre, pour n'oublier ni les odeurs, ni la terre et ses oliviers, ni le nom des lieux car dans sa patrie tout porte un nom : de la pierre à l'arbre, des fruits aux êtres.
Mais des lieux et des noms que reste-il ?
Parce que l'exil est un danger pour la mémoire, le poète évolue sur la scène d'un théatre imaginaire, entre récits récoltés au cours des années et narration, en prose lyrique, des souvenirs du petit enfant réfugié.
Joseph Algazy apporte dans la deuxième partie de cet ouvrage, une trentaine de pages, un contrepoint historique. Historien, il commente les faits de la guerre israélo-arabe de 1948 à la judéisation toujours plus intense du territoire au cours des années. L'espoir reste dans le retour des exilés lointains ou intérieurs, des absents, sans expulsions juives mais avec la coexistence des deux peuples.
Ce livre est écrit sans aucune haine seulement beaucoup de tristesse. Le poète est mélancolique , l'historien inquiet, et avec eux, tout un peuple attend, lutte et chante :
"Ici nous resterons,
Et si cela ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à boire l'océan."